22/3/2016 : ce jour où le monde «a été belge»

La façade éventrée de l'aéroport de Zaventem, au matin du 22 mars 2016 © Isopix

Cinq ans plus tard, la RTBF propose un documentaire exceptionnel autour de Salah Abdeslam et des attentats ayant frappé la capitale, dans le cadre d’«#Investigation». À voir ce lundi à 20h35 sur La Une.

22 mars 2016, Bruxelles. 7 h 58 : deux explosions ravagent l’aéroport de Zaventem. 9 h 11, station de métro Maelbeek : une autre bombe dévaste une rame. Bilan de ces attaques terroristes : 18 morts (dont deux auteurs) et au moins 92 blessés à Zaventem, 17 morts (dont l’auteur) et 106 blessés dont 17 dans un état grave à Maelbeek… Flash-back avec la journaliste Justine Katz (35 ans), «Mme Investigation» à la RTBF.

Cette semaine, «#Investigation» prend l’antenne dès lundi…

Le 22 mars, jour commémoratif des attentats de Bruxelles en 2016, avec les épisodes 1 et 2 du doc «Salah». Il retrace l’histoire de Salah Abdeslam depuis son enfance à Molenbeek jusqu’à son rôle dans les attentats de Paris et Bruxelles (ndlr : les volets 3 et 4 seront diffusés mercredi 31 mars).

Qu’est-ce que ce documentaire apporte qu’on ne sait déjà ?

Au bout de cinq ans, on a du recul. Les enquêtes sont bouclées. Le procès de Paris est prévu pour septembre, celui de Bruxelles aura lieu dans la foulée. On peut donc travailler sur un dossier judiciaire complet. Ça permet d’avoir une vue d’ensemble et de connecter toutes les pièces du puzzle. Par ailleurs, le recul des années permet à certaines langues de se délier. Vous entendrez notamment un membre de la famille Abdeslam, un ancien prof de Salah…

Parmi ces «langues qui se délient», certaines mettent en cause un quotidien francophone sans qui les attentats de Bruxelles n’auraient peut-être jamais eu lieu. Une accusation terrible…

C’est plus nuancé que cela… Mais il est vrai que quand le nom et le visage des frères El Bakraoui ont été révélés par la presse à la mi-mars 2016, ils ont pensé devoir agir vite avant d’être arrêtés. C’est indéniable : ils le disent dans un enregistrement retrouvé dans une planque. Ils se sont sentis acculés. Et les attentats ont effectivement eu lieu la semaine suivante.

À cette époque, vous est-il arrivé d’avoir une info et de choisir de ne pas la divulguer ?

Bien sûr. Nous savions que l’arrestation de Salah était imminente. La police avait retrouvé ses empreintes toutes fraîches dans une planque. Ce scoop aurait pu faire le tour du monde. Mais on a préféré se taire pour ne pas faire échouer l’opération. On s’est finalement fait griller par les Français, mais tant pis. Il n’était pas question pour nous de mettre quiconque en danger.

Vous dites «Salah» et c’est aussi le titre du documentaire. N’est-ce pas dérangeant cette familiarité avec un criminel ? Personne n’appelait Haemers ou Dutroux par leur prénom…

Nous n’avons pas eu le choix du titre. Nous avons acheté le documentaire à un réalisateur flamand, et nous avons gardé son titre. Cela dit, il est assez logique car Salah Abdeslam est le fil rouge du récit. En réalité, il n’était qu’une petite main. Mais depuis la diffusion de son portrait-robot au lendemain des attentats de Paris, c’est la figure la plus connue.

Depuis ces attentats, vous êtes la «Mme Terrorisme» à la RTBF…

J’étais déjà en charge de sujets «police» et «justice». J’avais suivi les premiers départs de jeunes en Syrie en 2013. Puis il y a eu l’attentat au Musée juif, celui à Charlie Hebdo, ceux déjoués à Verviers… Le soir des attentats de Paris, j’aidais une amie à déménager. Quand j’ai repris mon téléphone, j’avais dix-sept appels en absence ! Le lendemain, je suis arrivée à la RTBF à 5 h du matin. J’imaginais traiter une actu française, puis on a appris que l’auto retrouvée avait une plaque belge, qu’un ticket de parking de Molenbeek était sur le pare-brise… Finalement, j’ai été à l’antenne pendant dix jours !

La gare de Mons, les maisons de repos, les frites industrielles… Vos enquêtes ont soulevé des lièvres. Ont-elles fait des mécontents ?

Plein ! On a été attaqué en justice dès la première émission, mais on a gagné.

Cet article est paru dans le Télépro du 18/3/2021

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