Un téléphérique pour mieux circuler à New York ?
Inspiré par les Alpes françaises, un promoteur immobiliser envisage d’installer un téléphérique entre Brooklyn et Manhattan, solution idéale selon lui face à la surpopulation dans le métro aux heures de pointe.
Chaque jour, des dizaines de milliers de personnes traversent de Brooklyn à Manhattan pour aller travailler, s’entassant dans le métro et sur les ferries de l’East River, ou avançant, pare-choc contre pare-choc sur les ponts qui relient Brooklyn à l’île la plus célèbre du monde.
Depuis 15 ans, Brooklyn est devenu l’arrondissement new-yorkais branché par excellence, paradis des hipsters, rempli de bars et restaurants et d’immeubles aux vues spectaculaires.
Mais une seule ligne de métro, bondée, la L, et une seule station, Bedford Avenue, desservent les quartiers très recherchés de Williamsburg et Greenpoint.
Dans le secteur allant du Brooklyn Navy Yard, où Lady Gaga a lancé son dernier album, jusqu’aux limites du Queens, de 15.000 à 20.000 nouveaux appartements devraient être construits ces 20 prochaines années, explique Daniel Levy, l’homme derrière ce projet de téléphérique.
Construire un nouveau tunnel, ou un nouveau pont coûterait trop cher. Mais un téléphérique, sur le modèle de ceux existant en Europe, pourrait selon lui transporter 5.000 personnes par heure au-dessus de l’East River en quatre petites minutes.
De quoi changer la donne de manière significative, pour les 15.000 personnes qui passent par la station de Bedford Avenue entre 7h30 et 9h30 le matin en semaine.
« Je pense vraiment que c’est la meilleure solution, et je veux vraiment le voir construit », explique à l’AFP Daniel Levy depuis ses bureaux à la vue spectaculaire sur la skyline de Manhattan.
Il en a eu l’idée il y a deux ans et demi, alors qu’il skiait dans les Alpes françaises, quand il a eu la surprise de monter dans un téléphérique ultra-moderne.
« Je suis monté et je me suis dit, mon Dieu, quelqu’un doit en installer un comme ça entre Brooklyn et Manhattan ».
New York a déjà un petit téléphérique, qui opère paisiblement entre Manhattan et l’île de Roosevelt Island sur l’East River.
Echéance 2018 ?
Le projet poussé par Daniel Levy serait beaucoup plus rapide.
Il est, dit-il, en discussions avec des responsables de la ville et de l’Etat de New York, et des groupes immobiliers pour essayer de faire avancer le projet, le financer et dénouer les tracasseries administratives.
Mais rien n’est simple. Même les autorités militaires doivent donner leur permission, car le corps des ingénieurs de l’armée américaine contrôle les rivières navigables aux Etats-Unis.
« Il faut beaucoup de permis, d’autorisations, d’accords nécessaires. La liste est longue. C’est une sacrée procédure », reconnaît-il.
La Commission pour le développement économique de New York (NYCEDC) semble plutôt positive. Cela nous « encourage de voir que des gens dans la ville pensent de façon créative à la manière de répondre aux besoins de transports de la population croissante de New York », déclare une porte-parole, Kate Blumm.
New York ne serait en rien une pionnière en la matière. Des téléphériques urbains existent déjà dans plusieurs villes d’Amérique du sud, Algérie, Allemagne, Espagne, France…
Levy sait que le projet prendra du temps : 2018 ou 2020 au mieux, pour qu’il soit opérationnel.
Il espère que les chiffres convaincront les détracteurs.
« Vous pouvez vraiment construire un téléphérique pour trois fois rien, comparé à ce que coûterait un métro », explique-t-il.
La technologie est rapide, fiable, et embellirait encore selon lui la skyline, notamment la nuit.
Mais il admet que le projet est difficile à monter, avec sa part d’intrigues.
Les New-Yorkais des métros bondés passant par Bedford Avenue sont-ils séduits par l’idée ?
« Je ne sais pas, parce que je sais qu’ils restent souvent bloqués », déclare Lauren Liles, une mère de trois enfants scolarisés à Greenpoint, qui travaille dans les affaires.
Erwin Chen, qui travaille à Wall Street et habite à Williamsburg, est plus positif. Certains jours, il doit laisser passer trois métros, tellement les trains sont bondés.
« L’idée du téléphérique est dingue, et c’est peut-être suffisamment dingue pour que ça marche ».
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