Tomorrowland : demain, c’est aujourd’hui

Le festival de la démesure a démarré il y a 20 ans avec quelques milliers de spectateurs… © Belga/AFP via Getty Images

Le festival de musique électro conjugue le futur au présent pour la 20e fois. Un succès planétaire. Ce mardi à 20h, RTL plug diffuse «Tomorrowland : 20 ans d’émotions».

Boom. Qui aurait imaginé faire exister sur la «planète musique» cette petite ville de la province d’Anvers ? Que ceux de ses 18.000 habitants qui y croyaient il y a vingt ans lèvent la main. Faire un boum à Boom avec la musique électro, il fallait s’appeler Manu et Michiel Beers pour en avoir l’idée.

Les frérots d’abord

Cette idée, les deux frères l’ont dès 2003. Ils attendent l’été 2005 pour la concrétiser. Ils tablent sur 15.000 visiteurs. Le 25 août, ils sont à peine 8.700 à rallier le domaine provincial De Schorre pour assister au set d’Armin van Buuren et des autres DJ. Coup dur pour les frérots. Les anciens organisateurs de soirées estudiantines estiment leurs pertes à plus de 120.000 €. Les deux années suivantes ne sont pas meilleures. «Peut-être que beaucoup d’amateurs de musique électro n’étaient pas encore habitués à l’idée qu’ils ne devraient pas faire la fête la nuit, mais le jour», expliquent les organisateurs à la presse flamande. Manu et Michiel font le gros dos. En 2009, leur obstination est récompensée.

À la conquête du monde

90.000 personnes se déplacent à Boom pour la prestation de l’Américain Moby. Les caisses se remplissent enfin : 377.000 € de bénéfices. Les Belges sont conquis. Les deux Anversois et leurs équipes doivent maintenant conquérir le monde. Une nouvelle idée les y aide. Pour l’édition de 2012, ils font passer le festival de deux à trois jours. Le samedi 7 avril, les 100.000 derniers billets encore disponibles sont mis en vente sur Internet. Un million d’internautes attendent le top départ. La prévente internationale dure… 1 seconde. Du jamais vu à l’époque. La machine est lancée. Elle ne s’arrêtera plus.

Higher power

Pour son 10e anniversaire, en 2014, Tomorrowland passe à la puissance supérieure : 2 week-ends, 6 jours de festival, 360.000 visiteurs, 3,1 millions de bénéfices. Rien ne semble désormais impossible. Pourquoi pas s’exporter ? C’est ce que les organisateurs font dès 2013 avec TomorrowWorld près d’Atlanta (États-Unis), en 2016, avec Tomorrowland au Brésil et en 2018 avec Tomorrowland Winter à l’Alpes d’Huez, en France. Le ciel ne semble même plus être la limite. Tomorrowland conclut des accords avec Brussels Airlines pour amener des milliers de festivaliers qui arrivent d’une 70aine de pays dans des avions aux couleurs de l’événement. Décors à couper le souffle, murs d’écrans gigantesques, débauches sonores défiant l’imagination : c’est le festival de la démesure. Jusqu’en 2020.

Covid-19

Cette année-là, l’unique invité s’appelle le covid-19. Pareil en 2021. Un coup très dur pour les organisateurs qui perdent 25 millions d‘euros. Pas pour longtemps. En 2022, le record de festivaliers est battu : plus de 600.000 en trois week-ends. «We Are One World», la société faîtière des activités de Tomorrowland, retrouve le chemin de la croissance. Les retombées économiques pour la Région flamande et le pays dépassent les 300 millions d‘euros, selon les organisateurs.

Le pays de demain ?

À côté de ces chiffres réjouissants, d’autres sont moins souriants. Selon une étude, le festival émet autant de CO2 en deux semaines que 9.300 ménages belges en un an. Ce sont surtout les moyens de transport (avions, voitures, trains) qui sont mis en cause. Des groupements de riverains et de défense de l’environnement se plaignent aussi des nuisances sonores et écologiques. Cela n’empêche pas le festival de mettre la gomme cette année pour ses 20 ans. Durant les week-ends des 19-21 juillet et 26-28 juillet, David Guetta, Dimitri Vegas & Like Mike, Swedish House Mafia… plus de 400 artistes d’électro se produiront sur quinze scènes. Avec un territoire grand comme une centaine de terrains de foot, un camping de 35.000 places, un pont… le domaine provincial De Schorre, c’est pour quelques jours le pays de demain. Pour y pénétrer un jour (accès basique), il fallait compter entre 129 et 245 € par personne. Tous les billets sont vendus…

Cet article est paru dans le Télépro du 11/7/2024

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