Thanksgiving aux Etats-Unis : Obama, la dinde et la grâce présidentielle !
C’est une tradition un peu loufoque: chaque année, à la veille de la fête de Thanksgiving, le président américain « gracie » une dinde à la Maison Blanche.
Pour la sixième fois, Barack Obama a sacrifié mercredi à ce rituel auquel ont une nouvelle fois participé, visiblement à contrecoeur, ses deux filles, Sasha et Malia, âgées de 13 et 16 ans.
La légende veut qu’après une journée d’éprouvante exposition médiatique à Washington, l’heureuse élue parte couler des jours heureux loin des appétits humains – la dinde farcie est l’un des plats incontournables du repas traditionnel de Thanksgiving – et de l’agitation du monde.
La réalité est moins poétique: les dindes d’élevage, si elles sont beaucoup plus grosses que les sauvages, ont aussi une espérance de vie beaucoup plus limitée. Sur les deux graciées en 2013, une seule est toujours de ce monde: « Malheureusement, Popcorn est morte de mort naturelle en juillet », a annoncé la ferme de Morven Park, en Virginie (est), où elles ont été transférées après un bref passage dans les jardins de Mount Vernon, la propriété du premier président américain George Washington.
Il s’agit cette année de la 67e cérémonie du genre. La Fédération nationale des éleveurs de dindes en offre en effet une au président depuis l’époque de Harry Truman, après la Seconde Guerre mondiale.
L’origine de la tradition est incertaine: si certains assurent que John F. Kennedy fut le premier président à se montrer magnanime lorsqu’un volatile lui a été présenté à la Maison Blanche en novembre 1963, ce n’est que depuis George Bush père, en 1989, que les présidents ont pris l’habitude d’exercer leur « droit de grâce » sur une dinde.
Le président de l’organisation des éleveurs, Gary Cooper, qui possède un élevage à Fort Recovery, dans l’Ohio (nord), est l’homme en vue cette année. Il raconte fièrement comment ses deux fils ont fait neuf heures de voiture pour amener les deux volatiles à Washington (un deuxième est prévu en cas de défaillance du premier en cours de route).
Agés de 21 semaines et pesant 21 kg chacun, ils ont été baptisés « Mac » et « Cheese », référence à l’un des plats préférés des enfants américains (« macaroni and cheese »).
La plus étrange des traditions
Son frère, Jim, avait déjà eu cet honneur en 1996, à l’époque de Bill Clinton. « C’est la première fois dans l’histoire que deux frères ont cette responsabilité. Et nous sommes les seuls originaires de l’Ohio », explique-t-il à l’AFP.
Quel est le sens de ce pardon ? « C’est une des nombreuses façons de célébrer Thanksgiving, la famille, la tradition », souligne-t-il. « C’est une bonne façon de mettre en valeur notre industrie ».
Suivant un parcours médiatique savamment orchestré, les gallinacés ont passé deux nuits dans le prestigieux hôtel Willard, dans le centre de la capitale fédérale, avant d’être présentées au président en début d’après-midi au président.
L’humoriste John Oliver, qui anime un show hebdomadaire sur HBO, ne cache pas sa perplexité face à « la plus étrange des traditions de Thanksgiving »: un président gracie une dinde « pour marquer un jour férié au cours duquel 46 millions d’entre elles seront mangées ».
L’association de défense des animaux Peta a, elle, adressé un courrier à Sasha et Malia, leur suggérant d’organiser cette année un Thanksgiving végétarien, et leur demandant d’user de leur influence pour faire annuler cette pratique « offensante ». « Si elles le pouvaient, les dindes imploreraient votre famille de gracier non pas une dinde, mais toutes », indique le courrier.
Evoquant les interrogations le presse américaine sur cette étonnante pratique, M. Obama a reconnu qu’elle pouvait sembler « un peu déroutante ». « Mais je dois dire que cela me plait. Avec tous les crises difficiles auxquelles nous sommes confrontés ici en permanence , c’est agréable, une fois de temps en temps, de simplement dire +Joyeux Thanksgiving », et c’est une bonne excuse pour le faire ».
Fête familiale par excellence, Thanksgiving (l’Action de grâce) est célébrée chaque année le dernier jeudi de novembre aux Etats-Unis. Elle trouve ses racines dans les premières années de la colonisation au début du 17e siècle, quand les Européens installés de fraîche date avaient, selon la tradition, remercié Dieu pour l’abondance des moissons et l’aide donnée par les Indiens.
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