Nouvelle mode à Londres : les fiestas matinales !
Nathaniel Hone, 26 ans, va travailler à Canary Wharf, le quartier d’affaires de Londres. Sauf qu’aujourd’hui, il s’est levé aux aurores pour rejoindre sa tribu: des centaines de fêtards du matin qui se trémoussent sur de la musique house avec, pour tout carburant, smoothies et cafés.
Il est 06H15 à Bethnal Green, un quartier de l’est londonien peuplé de galeries d’art et encore épargné par la résidentialisation rampante de la capitale britannique et l’invasion des boutiques franchisées.
La nuit s’étire et les rues grises, balayées par le crachin, sont presque désertes. Au bout d’une allée bordée de graffitis représentant de drôles de hiboux aux yeux exorbités, il y a le Regent’s Canal, cours d’eau méconnu dominé par un vieux gazomètre, sorte de squelette de métal en forme d’amphithéâtre.
C’est là qu’on trouve l’Oval Space, une salle de quelque 560 m2 aux airs de vieil entrepôt qui accueille régulièrement concerts et expositions.
Une file de joyeux drilles patiente à l’entrée: ce sont les participants du « Morning Gloryville », ou comment faire la fête le matin, sans alcool, avant d’aller travailler.
« On a commencé il y a un an et demi avec seulement 26 personnes », explique à l’AFP Samantha Moyo, cofondatrice. « Maintenant, on est plusieurs milliers à chaque fête, et on est présents dans seize villes », comme Paris, New York, Bangalore ou Tokyo.
Éloge du matin
« Certaines tribus célébraient jadis la vie en dansant aux premières lueurs de l’aube. C’est ce que nous faisons, plusieurs milliers d’années plus tard, dans un environnement urbain », ajoute-t-elle. « L’idée, c’était aussi de faire la fête sans alcool et sans drogue ».
A défaut de boissons alcoolisées, les fêtards peuvent profiter d’un bar à smoothies proposant notamment l’Incredible Hulk, boisson verte, comme il se doit, et détonante à base de pomme, banane, citron vert, épinard et spiruline, une algue parfois présentée comme un super aliment riche en protéines.
Dans la salle, DJ Miles Metric, combinaison moulante rose fluo, s’installe derrière ses platines tandis que les lève-tôt arrivent petit à petit.
Certains ont joué la carte de l’autodérision et sont venus vêtus de longs pyjamas. D’autres ont choisi des tenues multicolores, façon carnaval, ou des déguisements de tigres, ours et chevaux. Pour un petit groupe de jeunes, sans doute plus attirés par le côté santé-fitness de l’évènement, c’est baskets, short et débardeur.
« Bonjour tout le monde! Est-ce que vous êtes prêts? », hurle au micro un des animateurs de la fête. « Oui », répondent des centaines de voix enthousiastes rapidement couvertes par les décibels hurlants de la sono.
« C’était dur de se lever ce matin mais on s’amuse entre amis, c’est coloré. A peine commencée, cette journée est déjà réussie! », s’exclame Kaye, 35 ans, pantalon doré à paillettes, chaussures rose fluo et ailes de papillon arc en ciel dans le dos.
Si le froid semble figer la ville à l’extérieur, à l’intérieur c’est la fièvre, les basses font trembler les murs, d’autant qu’après un set de quelques heures, DJ Miles Metric cède les platines à Basement Jaxx, star mondiale de la musique house.
Londres appartient à ceux qui se lèvent tôt
« C’est bien la première fois que je me lève à 5h du mat’ pour aller bosser en restant sobre et sans rien boire d’autre que des cafés et des smoothies », glisse le DJ en fumant une cigarette sur le balcon de l’Oval Space.
Heure matinale oblige, Miles Metric explique avoir joué « une musique différente, plus légère, plus facile, parce les gens viennent tout juste de se réveiller ».
Mais le jour se lève sur Londres et pour beaucoup, il est déjà temps de plonger dans un autre genre de frénésie: le monde du travail.
Un couple de Français, Cedric Thomas, 37 ans, et Marie-Caroline Petit, 28 ans, quittent l’Oval Space, manteaux sur le dos.
« Maintenant, on va bosser », dit la jeune femme, conquise par l’expérience. « C’était inhabituel, mais c’est pour ça qu’on est venus. Il y a l’ambiance très particulière du matin, plus dynamique, plus saine, et sans alcool ».
Quant à savoir si ces heures à danser la feront piquer du nez, elle répond: « On en reparle à 16H00! ».
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