Noix d’apéritif : relaxe partielle en appel pour l’héritière de Korean Air qui sort de prison
L’héritière de la compagnie Korean Air (KAL), condamnée en février à un an de prison ferme dans le procès dit des noix d’apéritif, a bénéficié vendredi d’une relaxe partielle en appel et est sortie de prison.
Cho Hyun-Ah, 40 ans, également connue sous le nom de Heather Cho, a vu sa peine réduite à 10 mois avec sursis et recouvré sa liberté après un peu moins de six mois de détention.
A l’issue de l’audience, elle s’est changée, troquant sa combinaison de détenue contre un manteau noir. Tête basse, escortée par des proches, elle s’est frayée un chemin au milieu des caméras de télévision pour s’engouffrer dans une berline, sans faire de déclaration.
Mme Cho avait été reconnue coupable en première instance d’avoir enfreint les règles de sécurité en contraignant un vol New York/Séoul à revenir à la porte d’embarquement.
Le 5 décembre 2014, cette cadre dirigeante de la compagnie avait mal pris de s’être vu servir par une hôtesse de l’air des noix de macadamia qu’elle n’avait pas demandées, de surcroît présentées non dans un bol mais dans leur sachet.
Elle avait exigé le débarquement du chef de cabine, le jugeant responsable de l’impair commis par l’hôtesse. L’appareil avait été contraint à revenir à son point de stationnement afin qu’il puisse descendre.
Le tribunal de première instance avait jugé qu’on pouvait considérer que l’appareil était « en vol » dans la mesure où il avait commencé à rouler. La fille aînée du président de la compagnie aérienne avait donc été condamnée pour avoir modifié le plan de vol de l’avion de manière illégale.
– A coups de manuel de bord –
Mais la Haute cour de Séoul en a jugé autrement malgré les trois ans requis par le parquet qui lui reprochait de n’avoir pas fait œuvre de contrition. Le retour de l’avion à son point de stationnement « ne constitue pas un changement » du plan de vol, a estimé le juge d’appel, faisant ainsi tomber la prévention la plus grave.
« La prévenue n’avait pas l’intention de saper la sécurité de l’avion », a-t-il statué, confirmant en revanche la condamnation de Mme Cho pour perturbation des opérations et violences.
Le chef de cabine, Park Chang-Jin, avait raconté à la barre que Mme Cho l’avait contraint à s’agenouiller et à demander son pardon, tout le frappant à coups de manuel de bord.
L’hôtesse qui avait essuyé ses foudres a porté plainte au civil contre la compagnie aérienne, accusant Mme Cho de l’avoir attaquée, menacée et insultée. Elle accuse également Mme Cho d’avoir fait pression sur elle pour minimiser les faits lors de l’enquête.
Pour justifier sa clémence, le magistrat d’appel a rappelé que Mme Cho n’avait pas d’antécédente judiciaire et était mère de jumeaux qui l’attendaient à la maison. « Elle sait que sa vie restera marquée par cet incident ».
Mme Cho avait demandé pardon aux victimes lors de son procès en appel.
Cette affaire s’est transformée en énorme scandale en Corée du Sud, et avait fait les gros titres de la presse internationale. L’opinion publique y a vu la quintessence du comportement arrogant des fils et filles des puissants patrons de « chaebols », ces conglomérats qui dominent l’économie sud-coréenne.
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