Mcity, une ville fantôme où roulent les voitures de demain
Elle est nichée à l’abri des regards, cachée derrière des immeubles du campus de l’Université du Michigan à Ann Arbor, dans le nord des Etats-Unis: Mcity est une ville fantôme créée de toutes pièces pour tester les voitures du futur.
Connectées, autonomes: ici les nouvelles technologies, à l’origine du « big bang » automobile depuis une dizaine d’années, doivent maintenant faire leurs preuves avant d’espérer se retrouver un jour sur les routes.
Sur environ 13 hectares, la ville sortie de nulle part il y a un an s’étale tel un décor hollywoodien.
Les équipements urbains doivent permettre de reproduire des situations réelles qu’une voiture peut rencontrer au quotidien, à l’image d’un enfant courant après son ballon et s’aventurant subitement sur la chaussée.
Eclairage public, passages protégés pour piétons, séparateurs de voies, ronds-points, trottoirs, pistes cyclables, arbres, panneaux de signalisation, barrières de chantier: rien ne manque dans le décor.
Ses arrêts de bus, ses bancs publics, ses boîtes aux lettres, ses bacs à poubelles, ses bouches d’incendie et ses noms de rue (Liberty Street, State Street, Main Street) lui donnent des allures de cité vibrionnante. Mais ses cafés et restaurants sont en carton-pâte et ses habitants des tas de ferraille bardés de capteurs numériques – caméras, radars, sonars, lidars (guidage par laser) – gérés par des logiciels.
« Nous testons les voitures connectées et autonomes ici depuis un peu plus d’un an », explique à l’AFP Jim Sayer, directeur de Mcity. « 2015 a été une année particulièrement chargée », en raison de la concurrence entre acteurs pour arriver le premier sur le marché.
Quatre jours pour certains, un jour pour d’autres: les constructeurs, une douzaine, se succèdent.
Algorithmes et capteurs
« Souvent il nous arrive de répéter la même manoeuvre plusieurs fois pour comprendre et faire des ajustements nécessaires afin d’améliorer la performance », raconte M. Sayer.
Mcity donne l’opportunité aux constructeurs automobiles de tester leurs voitures jour et nuit sur différents scénarios (circulation en centre-ville, circulation en route de campagne, entrée et sortie d’autoroute, traversée de tunnel) et sur divers types de surfaces (béton, asphalte ou pavés).
Les vitesses maximum autorisées sont d’un peu plus de 100 km/h.
Ford fait partie des groupes automobiles rodant leurs véhicules à Mcity, qui se trouve à une soixantaine de kilomètres de son siège de Dearborn.
Une partie de sa flotte Fusion Hybrid va même être testée dans des conditions climatiques extrêmes (neige, tempête) qui peuvent altérer la perception des capteurs embarqués et aveugler le GPS.
« Cela va nous permettre d’affiner nos algorithmes et de mieux calibrer les capteurs », souligne Jim McBride, responsable du projet véhicules autonomes.
Pour M. Sayer, l’intérêt principal de MCity, c’est la variété des tests que cette structure permet: chaque kilomètre parcouru peut représenter 10, 100 ou 1.000 km de conduite sur route. De plus chaque événement est reproductible à l’infini.
Mcity est le fruit d’un partenariat entre l’Université et le ministère des Transports du Michigan. Des entreprises en sont des sponsors contre une participation d’un million de dollars pour trois ans. Elle a officiellement ouvert ses portes en juillet dernier.
Le géant informatique Apple, à qui on prête des intentions de se lancer dans l’automobile, aurait eu des discussions avec la ville, qui n’est pas la seule surgie de nulle part pour aider au développement des voitures du futur. GoMentum (Concord, Californie, ouest) accueille déjà les véhicules du groupe nippon Honda.
Alors que la voiture autonome sur laquelle travaillent une douzaine de constructeurs et de « disrupteurs » – Tesla, Mercedes-Benz, Audi, Google, Uber, GM-Lyft, Toyota – est annoncée d’ici 2020, Jim Sayer estime qu’il faudra encore une vingtaine d’années pour que le grand public puisse s’en offrir.
« La technologie de véhicule entièrement sans conducteur est prête pour des utilisations limitées », mais son coût élevé éloigne la possibilité pour une production de masse, argue cet expert.
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