Manon, la Néerlandaise, en tracteur jusqu’au Pôle Sud !
Après avoir traversé toute l’Afrique au volant d’un tracteur, une intrépide Néerlandaise veut maintenant achever son voyage, et rouler jusqu’au Pôle Sud.
Difficile de croire, en voyant cette jeune femme pleine de vie dans sa petite robe grise, qu’elle s’apprête à parcourir 4.500 km sur un continent de neige et de glace.
Quand on lui demande si les gens ne la prennent pas pour une folle, Manon Ossevoort, 38 ans, éclate de rire: « Seulement avant de m’avoir rencontrée! »
« Le tracteur, pour moi, symbolise ce fait très terre-à-terre que si vous voulez faire quelque chose, vous ne serez peut-être pas très rapide, mais si vous persévérez et gardez votre sens de l’humour, vous allez y arriver. »
En attendant le grand départ, elle s’active autour de son gros tracteur rouge aux pneus renforcés, apprêté pour l’expédition dans un hangar de l’arrière-pays du Cap, où l’AFP l’a rencontrée.
Un avion-cargo russe doit d’abord lui permettre de gagner la base de Novolazarevskaïa, sur la côte de l’Antarctique qui fait face à l’Afrique du Sud.
Elle devrait quitter cet endroit le 21 novembre, vers le Pôle Sud, avant de faire demi-tour pour revenir à la base russe. Avec pas mal de temps devant elle pour admirer le paysage: « 10 km/h, ça serait bien. 15 km/h serait vraiment bien et 20 km/h formidable! »
Le tracteur, un Massey-Ferguson aux airs de petit camion, devra rouler 24 heures sur 24 pour ne pas geler sur place. A ce rythme, Manon Ossevoort compte faire 100 à 200 km par jour malgré les montagnes et les crevasses, et faire le parcours en quatre à six semaines.
Mais elle ne sera pas seule: Nicolas Bachelet, un mécanicien français, va l’accompagner et partager la conduite. Six autres personnes feront aussi le voyage avec l’intendance, guides, chauffeurs et l’inévitable équipe de tournage pour un documentaire.
Gros bonhomme de neige
« C’est une belle dernière phase pour un long pèlerinage », sourit « Tractor Girl ».
L’histoire a commencé en 2005 quand cette comédienne et metteur en scène a monté une pièce racontant l’histoire d’une petite fille allant jusqu’au bout du monde en tracteur.
Et c’est assez naturellement qu’elle a elle-même tenté l’aventure dans la foulée, seule, à 20 km/h en pointe, de son village natal de Hollande jusqu’au Cap à la pointe de l’Afrique.
« En Egypte, au Soudan, les gens commençaient à rire en voyant une femme sur un tracteur et moi, j’ai aidé des tas de voitures qui avaient des problèmes ou des camions qui étaient bloqués », se souvient-elle.
Une aventure qui est aussi passée par quelques découragements: « J’avais 27 ans quand j’ai débuté le voyage et quand je suis arrivée en Namibie, c’était vraiment un mauvais jour et j’ai réalisé que j’allais avoir 33 ans et ça semblait ne jamais devoir finir! »
Arrivée au Cap, elle est rentrée chez elle, frustrée, après avoir raté le bateau qui devait l’emmener vers l’Antarctique.
Depuis, « Tractor Girl » a écrit un livre, vendu des T-shirts avec des tracteurs, fait un bébé, s’est activée sur internet et employée à trouver des sponsors pour terminer son voyage inachevé. Les mécènes potentiels sont même invités à le parrainer, en donnant cinq euros du kilomètre.
Au Pôle Sud, elle se promet de construire un gros bonhomme de neige. Et elle glissera dans son ventre les « rêves » confiés par ses rencontres de voyage, dûment numérisés, et à ouvrir dans 80 ans.
« Je veux en faire une belle capsule-témoin des rêves du monde, afin qu’à l’avenir les enfants et les gens puissent lire quelque chose sur nos rêves et pas seulement sur la politique et les guerres », explique-t-elle.
Un regret, pourtant: le 24 décembre, Manon sera au beau milieu de l’Antarctique et ratera le premier Noël de sa fille.
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