Les perles du « 17 » police-secours recensées par un brigadier

Les perles du "17" police-secours recensées par un brigadier
AFP

« J’ai frappé ma femme, je voudrais savoir si je peux déposer plainte contre moi-même, elle ne veut pas le faire »: au « 17 police-secours », il y a souvent des appels farfelus, qu’un policier recense inlassablement pour faire rire et oeuvre de prévention.

Dans « Allo la police », qui sort mercredi aux Editions du Cherche-Midi, le brigadier Matthieu Kondryszyn, 31 ans, livre les meilleures perles reçues au « 17 », où sont centralisés les appels des « requérants », comme il dit.

Il exerce depuis 2012 à l’état-major de Paris après des années de terrain. « Mon premier appel, c’était un type qui avait utilisé un Kärcher pour laver sa voiture », explique-t-il à l’AFP. « Comme l’engin ne fonctionnait pas, il demandait que le gérant le rembourse. J’ai trouvé cela à la fois drôle et extravagant: nous sommes un service d’urgence quand même … »

Depuis il note tout – plus de 2.000 à lui tout seul – et reçoit également les perles de ses collègues. Il a rassemblé ce qu’il estime être le plus significatif et insolite, excluant les « insultes bêtes et méchantes ».

« Je ne pensais pas que ça existait », avoue le brigadier en se rappelant ses débuts.

Extraits:

– « Notre petit garçon a disparu et on vient de le retrouver. Rien qu’en vous appelant ! »

– « Ma femme est partie, faut me la retrouver, j’ai besoin d’elle pour traire les vaches ».

– « Madame, il faut que vous alliez déposer plainte contre X » dit un policier du « 17 » à une « requérante » qui rétorque: « c’est qui X ? »

– « On a piraté mon ordinateur pour me voler les données personnelles (… ) il ne s’allume plus depuis hier ».

– « Je vous appelle car on m’a coupé le téléphone », dit celui-ci, auquel un policier répond: « apparemment non… »

– « J’ai été enlevée sur 400 mètres par un faux chauffeur de taxi », vitupère une femme.

– « Type banlieue, nord africain », répond cet homme à un policier lui ayant demandé de décrire des « individus suspects ».

– Thé et mort-aux-rats –

– « Bonjour je suis embêté, ma femme a acheté de la mort-aux-rats et m’a dit qu’elle allait se faire un thé ».

– « Ma carte ne rentre pas dans le distributeur (de billets), ce doit être un dispositif frauduleux … » Silence puis: « ah ! J’ai inséré ma carte vitale ».

– « Pouvez-vous me dire quand il y aura le changement d’heure ? »

– « Je ne trouve plus mon téléphone (portable), vous pouvez me le faire sonner? »

Ce dialogue enfin, préféré de l’auteur:

« – Je vous appelle pour un accident

– Il y a des blessés ?

– Un blessé matériel, ma voiture ».

Selon Matthieu Kondryszyn, la plupart des appels « pour tout et n’importe quoi » sont l’oeuvre de déséquilibrés mais « reflètent bien la société ».

« Nous sommes disponibles, dit-il, souvent la roue de secours, les gens savent quel numéro faire sans s’embarrasser de précautions et veulent que tout soit réglé dans la minute ».

Il entend également alerter: le « +17+, ce sont les urgences, pour des personnes en détresse, il ne faut pas abuser, il faut le marteler. Encore et encore ».

Un message que sa hiérarchie pourrait relayer à l’envi: les directions de la police et de la gendarmerie lancent, à intervalles réguliers, des campagnes de prévention.

En 2015, a dit récemment le directeur général de la police nationale Jean-Marc Falcone, alors que les accusations de violences policières durant les manifestations contre la loi travail du gouvernement faisaient florès, il y a eu neuf millions d’appel au « 17 ».

Preuve, selon lui, qu’il n’y a pas de désamour entre la police et la population.

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