Le Mur de Berlin autour du monde, paradoxal symbole de liberté

Le Mur de Berlin autour du monde, paradoxal symbole de liberté
AFP

De Séoul au Vatican, de l’archipel des Tonga à Los Angeles, des morceaux du Mur de Berlin, généralement bariolés, sont éparpillés dans le monde entier, paradoxaux symboles de liberté, 25 ans après son ouverture.

« Le Mur sera encore debout dans 50 ou 100 ans », avait lancé en janvier 1989 le leader est-allemand Erich Honecker. Las! Dix mois plus tard la République démocratique allemande ouvrait le « Mur de protection anti-fasciste » qui emprisonnait ses citoyens depuis 1961, et les « piverts » commençaient leur travail de destruction à coups de burin.

En 1990, la RDA mourante avait même organisé des séances de vente aux enchères.

Dans Berlin même, « l’aspiration à la liberté, à la démocratie et à l’unité était tellement forte qu’il fallait faire disparaître les traces de ce qui rappelait cette terrible histoire », explique Anna Kaminsky, responsable d’un ouvrage collectif de photos sur « Le Mur de Berlin dans le monde ».

Un grand-père et son petit-fils devant des pans du Mur de Berlin conservés dans l'atelier de l'artiste indonésien Teguh Ostenrik, en périphérie de Jakarta, le 6 novembre 2014

De fait, il faudra attendre 15 ans pour que le gouvernement régional présente un concept d’ensemble pour protéger ce qui pouvait encore l’être, afin de garder un témoignage pour les générations futures.

En revanche, des centaines de ses éléments de béton, chacun pesant plusieurs tonnes, ont trouvé le chemin d’un pays étranger, où « ils rappellent la victoire sur la division du monde et le combat pour la liberté et la démocratie », ajoute-t-elle.

Machine à tuer

« C’est le paradoxe du Mur », commente pour l’AFP le peintre français Thierry Noir, qui avec ses personnages lippus et colorés passe pour le premier artiste à avoir peint la construction, dès 1984. « Avant on le peignait pour le faire tomber. Maintenant on peint le Mur pour le garder, comme un hommage à la liberté retrouvée en Europe. C’est assez bizarre… »

« Ce n’était pas une oeuvre d’art, c’était une machine à tuer, qui a tué plus de 130 personnes entre 1961 et 1989 », rappelle-t-il.

Un pan du Mur de Berlin peint par l'artiste français Thierry Noir et exposé à New York, le 14 juillet 2014

Thierry Noir participe néanmoins à un projet artistique, qui veut « dire aux jeunes, d’une façon un peu cool, que c’était vraiment affreux ».

Dans un entrepôt à ciel ouvert au bord de la Spree, la rivière de Berlin, des dizaines de morceaux du Mur attendent un peintre, amateur ou professionnel. On peut réserver son morceau en ligne, via une entreprise de BTP, puis le peindre, l’acheter ou le vendre.

L’entreprise récupère un tiers du prix de vente, au minimum 500 euros. Si dans les six mois rien ne se passe, le panneau est remis à disposition d’un autre peintre.

« On est totalement libre de peindre ce qu’on veut, chacun a son histoire personnelle avec le Mur », explique à l’AFP le patron de l’entreprise, Elmer Prost. « Il y a aussi des gens dont la vie s’est effondrée » le 9 novembre 1989, note-t-il.

Quatre panneaux viennent d’être installés en Corée du sud, comme un appel à la réunification, d’autres à Hollywood.

Deux pans du Mur de Berlin exposés le 21 juillet 2014 au Mémorial de Caen

Comme ceux des Nations unies, de la Cour européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg (France) ou de la Bibliothèque Ronald Reagan à Simi Valley (Californie, Etats-Unis), ils se veulent tout à la fois mise en garde pour les générations futures et symbole de liberté.

Une prochaine installation, à Bratislava, doit commémorer l’anniversaire de la Révolution de velours en Tchécoslovaquie, le 16 novembre.

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