Laine et tricot : de filles en aiguilles

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Le tricot, un passe-temps de grand-mère ? Plus du tout ! Loisir antistress et alternative à la fast-fashion, il est partout.

Et qui dit tricot, dit pelote de laine. Tandis que TF1 s’intéresse à ce « filon en or » samedi à 14.50, faisons la rencontre de Fabian Baudinet, qui a repris en 2012 le magasin de vente au détail de laine ouvert par son père en 1988 à Petit-Rechain (Verviers), dans les anciens entrepôts de l’usine textile qu’occupaient les deux générations précédentes.

D’où vient la laine que l’on trouve dans les commerces ?

Les filatures se trouvent en Italie ou en Amérique latine pour les plus belles qualités, en Turquie pour le moyen de gamme et en Chine pour le bas de gamme. Mais les matières premières ne viennent pas de ces pays-là. Le mérinos, par exemple, vient de Nouvelle-Zélande et d’Australie. La laine est ensuite envoyée en Chine pour être nettoyée puis en Italie pour être filée. C’est un commerce mondial.

Qu’est-ce qui fait la qualité d’une laine ?

Tout d’abord, sa provenance. Élever un animal, le tondre, nettoyer et filer sa laine est beaucoup plus coûteux que faire de l’acrylique, qui est du pétrole. Dans l’ordre de prix, après l’acrylique, il y a le coton, puis le fil issu d’un animal, donc la laine, le mérinos, l’alpaga et enfin le cachemire, qui est rare et donc cher. Ensuite, il y a la qualité de la fibre. Une fibre très courte ne donnera pas un fil de qualité car elle ne se mélangera pas correctement et formera des bouloches. Il vaut mieux travailler avec une bonne qualité d’acrylique qu’avec une mauvaise qualité de laine. Soit je pars sur place pour vérifier, soit je me fais envoyer un échantillon avant de commander de la laine. Je veux la toucher.

On dit que le tricot revientà la mode. Est-ce visible parmi votre clientèle ?

Oui, elle se rajeunit ! La mode des gilets Bernadette, il y a quelques années, a relancé le tricot. C’était une aubaine pour les commerçants parce que ce gilet est facile, rapide à réaliser et à la portée de tous. Il a peut-être incité certaines personnes à se mettre au tricot parce que le modèle coûtait très cher en boutique. Le « do-it-yourself », de manière générale, revient à la mode, parce que les gens en ont marre d’acheter du prêt-à-porter de qualité médiocre.

Les modèles ont-ils aussi changé ?

Oui, les marques se sont adaptées. Il y a encore des catalogues classiques pour les tricoteuses expertes. Puis d’autres, destinés à un public plus jeune, avec des accessoires faciles à réaliser, des coloris flash et des fils fantaisie qui n’existaient pas auparavant. Les réseaux sociaux jouent aussi un rôle. Quand une pièce devient à la mode, on vient nous demander des modèles pour la réaliser.

Le tricot reste-t-il un loisir féminin ?

Il m’est déjà arrivé, devant un couple, de m’adresser directement à la dame avant de réaliser que c’est monsieur qui tricotait. Mais c’est extrêmement rare. En Belgique, en France, on parle encore « d’ouvrages de dames ». Il n’y a pourtant pas de raison. En Amérique latine et dans les pays nordiques, les hommes tricotent. Cela fait partie des mœurs.

Est-ce le loisir d’une vie ?

J’ai constaté qu’il y avait des étapes. Les jeunes filles tricotent une écharpe vers 14/15 ans. Puis se consacrent à leurs études et leur boulot. Puis avec l’arrivée d’un bébé, elles retrouvent l’envie de confectionner une layette. Puis la vie reprend, elles laissent peut-être tomber le tricot. Au moment de devenir grand-mères, elles se disent qu’elles réaliseraient bien une couverture. Puis un deuxième ouvrage, un troisième… Cela paraît cliché, mais c’est ce que j’ai constaté.

Cet article est paru dans le Télépro du 20/2/2025

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