L’Agence spatiale européenne milite pour un «village lunaire» international
L’Agence spatiale européenne (ESA) plaide en faveur d’un audacieux « village lunaire » international, qui pourrait être édifié peu à peu grâce à des robots, permettant un jour le retour de l’homme sur notre satellite après des décennies d’absence.
Le nouveau directeur général de l’ESA, Johann-Dietrich Woerner, a défendu son idée de « Moon village » devant la communauté spatiale lors du 66e Congres international d’astronautique (IAC) à Jérusalem en fin de semaine dernière. Il avait déjà commencé à l’évoquer dans la presse dès sa prise de fonction en juillet.
« L’idée est sur la table », déclare à l’AFP Franco Bonacina, porte-parole du directeur général de l’ESA.
« L’expression ‘Moon village’ ne veut pas dire que l’on va construire sur la Lune un village avec des écoles, des églises, des maisons », tient-il à souligner. « C’est un concept qui prévoit une participation internationale pour faire des missions diverses et variées sur la Lune, peut-être sur sa face cachée. » Tous les équipements ne seraient pas forcément au même endroit.
M. Woerner, l’ancien patron de l’agence spatiale allemande DLR, part du constat que l’aventure de la Station spatiale internationale (ISS), lancée en 1998, devrait se terminer vraisemblablement aux alentours de 2024.
« Il faut réfléchir à ce que nous voulons faire après. D’où l’idée d’inciter la communauté internationale à réaliser quelque chose ensemble sur la Lune », explique M. Bonacina. « Il s’agit de rassembler et de fédérer des idées » autour du satellite de la Terre, qui a encore beaucoup à nous apprendre.
Le directeur général de l’ESA, « pour qui l’espace n’a pas de frontières, veut permettre à tout le monde de contribuer » à ce village lunaire, selon M. Bonacina. La Chine, qui ne participe pas à la Station spatiale internationale, mais conduit un programme ambitieux sur la Lune, pourrait être la bienvenue.
Des sites au Pôle sud
Le programme américain Apollo a permis à l’Homme de faire son premier pas sur la Lune le 21 juillet 1969. Mais depuis décembre 1972, plus aucun humain ne s’est posé sur le satellite.
Depuis les années 1990, une série de sondes ont été envoyées autour de la Lune dont l’Européenne SMART1 en 2003.
Bernard Foing, qui était responsable scientifique de la mission SMART1 et qui dirige le Groupe international pour l’exploration lunaire, décrit ce que pourrait être le « Moon village ».
« Il y aura une étape de village robotique. Puis une étape de station habitée. Mais cela nous servira aussi à préparer des expéditions vers des destinations encore plus lointaines », explique-t-il à l’AFP.
« C’est un plan progressif qui commence avec des missions orbitales ». « Un jalon important » sera la mission américaine Orion à laquelle l’ESA collabore, souligne-t-il. A l’horizon 2021/2023, cette capsule emportera quatre astronautes en orbite autour de la Lune.
Mais avec Orion, la Nasa cherche surtout à préparer une mission habitée vers Mars.
L’ESA travaille aussi sur la mission russe Luna 27 prévue à l’horizon 2020. Celle-ci prévoit l’envoi d’un alunisseur qui explorerait les régions polaires de la Lune dans lesquelles ont été trouvés des dépôts de glace.
« Au pôle sud, nous avons localisé des sites qui contiennent de la glace dans le sous-sol proche, qui sont assez bien illuminés et offrent une bonne possibilité de communication », ajoute M. Foing. Autant d’éléments nécessaires pour installer une base habitée.
Ce projet de coopération avec les Russes sur Luna 27 est dans les tuyaux depuis plusieurs années.
« L’ESA est chargée de développer deux éléments, l’un pour aider à faire un alunissage intelligent, l’autre pour analyser les ressources et préparer de futures explorations », déclare Franco Bonacina.
« Si Luna 27 et Luna 28 – la mission russe suivante à laquelle l’ESA a aussi prévu de participer – deviennent une réalité très concrète, on pourra dire que ces deux missions font déjà partie du village lunaire », relève-t-il.
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