Incliner son siège en avion ? La « guerre des jambes » fait rage

Incliner son siège en avion ? La "guerre des jambes" fait rage
AFP

Incliner son siège en avion, au risque de gêner son voisin de derrière? Après deux incidents survenus aux États-Unis, la « guerre des jambes » fait rage alors que tous s’accordent sur un point: on manque de plus en plus de place.

Incliner ou non son siège, « c’est un sujet de débat depuis des années », explique à l’AFP Sarah Schlichter, rédactrice en chef du guide de voyage, IndependentTraveler.com.

« Mais ce qui vient de se passer montre bien que les gens ne sont plus satisfaits de la qualité de leur voyage à bord des avions », ajoute-t-elle.

En quelques jours, deux avions viennent d’être déroutés à cause de passagers furieux de voir un voisin incliner son siège.

Dans le cas du vol United Arlines Newark-Denver, dérouté sur Chicago, un passager avait même utilisé un « protège genoux » (« Knee Defender »), deux pinces que l’on coince sur les bras de sa tablette et qui bloquent l’inclinaison du siège devant soi.

Le gadget, que l’on peut s’offrir pour 22 dollars, se « vend de plus en plus depuis deux, trois ans », affirme à l’AFP son inventeur, Ira Goldman, sans vouloir donner plus de précisions.

« Les gens voyagent plus, sur des avions de plus en plus bondés, l’espace se rétrécit et les compagnies aériennes continuent à fournir des sièges inclinables », s’insurge l’homme d’affaires qui, fort de son 1,92 m et 150.000 km annuels en avion, a inventé l’objet il y a onze ans.

– Coups de genou vengeurs –

Depuis une semaine, chacun y va de son commentaire, souvent avec humour, pour dénoncer les sièges étroits, la guerre larvée entre les rangs, le drame des trop grands ou les coups de genou vengeurs, faussement par inadvertance, sur le siège avant.

« La guerre entre ceux qui inclinent leur siège et ceux qui veulent de la place pour leurs jambes s’intensifie », ironisait vendredi le site Gawker.com.

« Incliner son siège, c’est diabolique », estimait un éditorial de slate.com signé Dan Kois qui évoque un voyage « avec un dossier si près de mon menton que je devais quasi loucher pour regarder la TV ».

Un autre du New York Times, signé Josh Barro, assure crânement que l’éditorialiste « incline son siège quand il prend l’avion. Je ne m’en sens pas coupable ».

« Je serais extrêmement heureux si l’industrie du transport aérien daignait régler un problème qu’ils ignorent depuis des années », affirme l’inventeur du « Knee Defender », se disant prêt à se consacrer à autre chose.

De fait, une enquête en octobre 2013 du Wall Street Journal montrait comment les compagnies aériennes réduisaient l’espace vital des passagers en classe économique, pour faire de la place aux premières classes et aux hommes d’affaires qui payent leur ticket plus cher.

La norme pour les long-courriers, qui était de presque 46 cm dans les années 1970 et 1980, est passée à 47 cm ensuite avant de descendre maintenant à un peu plus de 43 cm, indiquait le quotidien.

A titre de comparaison, un siège de train américain fait 52 cm et celui d’un cinéma 63 cm.

Pour remédier aux grincements de dents, certaines compagnies comme easyJet ou Ryanair, ont renoncé, pour les courts trajets, aux sièges inclinables.

« Il y a les restrictions de bagages, les extras en plus à payer, on ne nous offre plus les repas, les sièges sont plus étroits, il faut payer en plus pour un meilleur service. Et donc le simple fait de se sentir coincé par un siège inclinable rend les passagers furieux, parce que le voyage en avion est moins agréable que par le passé », estime Sarah Schlichter.

« Vous avez acheté le ticket d’un siège inclinable, personne ne peut vous empêcher de l’utiliser », estime pour sa part Anna Post, l’une des dirigeantes d’une célèbre école de savoir-vivre fondée au début du siècle dernier, le Emily Post Institute.

« Mais avoir raison n’excuse pas de mal se comporter pour arguer de son bon droit, cela peut créer plus de problèmes que cela ne vaut la peine », ajoute Mme Post qui conseille simplement d’incliner très doucement son siège, sans le claquer, « un tout petit peu suffit quelquefois à se sentir mieux ».

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