Ils gravissent le Kilimanjaro pour y jouer… au cricket

Ils gravissent le Kilimanjaro pour y jouer... au cricket
AFP

Carte, tente, eau, nourriture: ok. Indispensables pour gravir le pic enneigé de la plus haute montagne d’Afrique, le Kilimanjaro. Batte, balle, casque, protections: ok. Tout aussi indispensables quand on espère battre le record du match de cricket le plus haut du monde.

Deux équipes se sont lancées dans une harassante ascension de huit jours sur le flan du volcan endormi, dans le but de jouer un match de cricket dans un cratère recouvert de glace, juste en dessous du sommet, à 5.785 mètres.

« Le Kilimanjaro n’est vraiment pas l’endroit où j’aurais imaginé jouer, mais le défi est énorme à cause de l’altitude… que la fête commence! », a lancé la légende anglaise du cricket Ashley Giles, capitaine de l’une des deux équipes composées à la fois de joueurs professionnels et amateurs.

Ce rêve excentrique est celui du chef d’expédition, David Harper, un Britannique consultant en immobilier à la ville.

Il raconte qu’il a décidé d’organiser ce match dans un bar, après que sa femme lui ait dit que « la seule façon dont il pourrait jamais jouer au cricket à haut niveau serait en jouant tout en haut d’une montagne ».

L’arrivée des joueurs, principalement anglais mais aussi australiens, kényans, canadiens et sud-africains, est prévue vendredi à l’aube, après une semaine d’ascension.

Mais il faudra ensuite installer une piste en plastique sur les cendres du volcan endormi et jouer un match de plusieurs heures dans l’air raréfié et glacé, entourés d’immenses blocs de glace.

– De la neige, mais pas de pluie –

L’icône sud-africaine Makhaya Ntini, premier athlète sud-africain noir à jouer au Test cricket, s’est aussi lancé dans ce qu’il qualifie d' »énorme et passionnant défi ».

L’air en altitude contiendra deux fois moins d’oxygène qu’au niveau de la mer, ce qui imposera de faire deux fois plus d’effort physique.

Les équipes ont embarqué des bouteilles d’oxygène en cas d’urgence. Dans le froid glacial, des bourrasques de neige sont possibles, mais M. Harper, l’organisateur, a estimé qu’au moins « la pluie ne devrait pas interrompre le match. »

Les participants au trek sur le Kilimanjaro, en route vers le sommet pour y jouer le match de cricket le plus haut du monde, le 22 septembre 2014

Des arbitres spécialisés s’assureront que la partie est jouée dans les règles – et qu’elle pourra bien prétendre au record du monde.

L’expédition, composée de 30 joueurs et arbitres – ainsi qu’un journaliste de l’AFP – est assistée par une équipe logistique tanzanienne indispensable de plus de cent personnes, qui aideront à transporter l’équipement sportif et la nourriture jusqu’au sommet.

Le record actuel est de 5.165 mètres, enregistré en 2009 au camp de base de l’Everest, au Népal, soit 600 mètres en-dessous de l’objectif que cherchent à atteindre cette semaine les sportifs.

– ‘Pas une partie de plaisir’ –

Alan Curr, qui a joué ce match sur l’Everest, se désole de la perspective de perdre son record et, avec, ce qu’il appelle sa « meilleure manière de briser la glace » avec des inconnus, mais il a apporté tout son soutien aux équipes.

« Tout l’intérêt de notre voyage (sur l’Everest Ndlr) était de motiver les gens à se lever de leur canapé et à faire quelque chose de leur vie », a raconté M. Curr à l’AFP du Japon, où il enseigne aujourd’hui le cricket.

Bien qu’aucune compétence technique en alpinisme ne soit nécessaire, jouer un match à plus de cinq kilomètres d’altitude comporte des risques considérables, notamment le mal aigu des montagnes.

M. Curr, qui a écrit un livre sur son expédition, appelle les grimpeurs à la prudence.

La légende anglaise du cricket Ashley Giles, capitaine de l'une des deux équipes composées à la fois de joueurs professionnels et amateurs, le 21 septebmre 2014, au 2e jour de leur ascension du Kilimanjaro, en Tanzanie

« Nous avons vu des gens redescendre du camp de base de l’Everest sur des brancards, et deux personnes sont mortes sur le parcours au moment où nous y étions – et ces gars-là n’étaient pas en train de faire des sprints en portant des protections et un casque », a-t-il ajouté. « Ce n’est pas une partie de plaisir ».

Les joueurs lèvent des fonds pour des organisations caritatives, notamment pour la recherche sur le cancer et la protection de la nature, mais aussi pour construire au Rwanda le premier terrain de cricket international du pays.

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