Dix ans dans la peau de Napoléon : Frank, son double, abdique en juillet
Voilà dix ans que Frank Samson -avocat parisien spécialisé dans la récupération de permis de conduire dans la vraie vie- se glisse dans la peau de Napoléon au fil des reconstitutions. Mais il abdiquera définitivement en juillet, confie-t-il à l’AFP.
« C’est plaisant, Napoléon est le Français le plus célèbre au monde », raconte Frank, sosie qui débarquera dimanche 1er mars dans une chaloupe sur la plage de Golfe-Juan, près de Cannes, pour marquer le bicentenaire du retour de l’Empereur exilé sur l’île d’Elbe.
« Le personnage est fascinant, il a construit la France d’aujourd’hui, son Code civil, la Légion d’honneur ou encore la Comédie française », vante ce féru d’histoire et d’uniformes.
Dans le monde très international des passionnés de reconstitutions napoléoniennes, on adoube par cooptation l’Empereur tous les 10 ans.
« Il faut une vraie ressemblance comportementale et physique », stipule Frank Samson. Et bien parler le français est « indispensable »: « incarner l’empereur avec l’accent espagnol, ou pire l’accent anglais, c’est pas vraisemblable! » Car les maîtres-mots des perfectionnistes de la reconstitution sont « la vraisemblance et la rigueur historique ».
Son prédécesseur était un Corse. Un Belge est sur les rangs pour lui succéder, révèle-t-il. « Il a les yeux un peu clairs et un léger accent belge… mais il est très bien, il a une belle gueule ».
En attendant, le tenant du rôle jauge son embonpoint, parfait pour incarner sa cuisante défaite à la bataille de Waterloo le 18 juin 1815, ses derniers jours en terre française sur l’île d’Aix (Charente-Maritime) en juillet, juste avant la déportation sur l’ilot perdu de Sainte-Hélène: « C’est l’embonpoint de 1815, Napoléon avait énormément grossi après 1810 ».
Il piétine son chapeau
Pour devenir son double, il a aussi adopté tous ses tics et sait être désagréable avec les officiers. « Il fait un petit rictus avec sa bouche, il tire sa manche tout le temps. C’est un homme assez nerveux, il fait tout à 200 à l’heure. On connaît tout de lui, notamment à travers les mémoires de son valet ».
Avec ce passe-temps dévorant, Franck retrouve indéniablement « la magie de l’enfance ». « Quand il est en colère, il émaille son discours de grossièretés en corse, il tape sur sa botte avec sa cravache ou il piétine son chapeau », détaille-t-il. « J’ai un chapeau +piétinable+, quand je sais que je vais me mettre en colère. Un page se précipite ensuite sur le chapeau et va dans la tente en chercher un autre ».
Il s’est mis au corse et à l’équitation. « Je tiens à cheval », dit-il modestement. « L’empereur était un cavalier peu académique, mais il était très endurant, il pouvait galoper pendant des heures, ce que j’adore faire. Son grand jeu, c’était de semer ses officiers ».
« Totalement chauve depuis mes 26 ans, je revêts une perruque avec la coupe exacte de l’Empereur », précise le quadragénaire pointilleux. « J’ai sa garde-robe complète, dont des tenues d’apparat moins connues, le bicorne, la fameuse gabardine. Je regarde à la loupe si les broderies sont conformes. Ma veste, je l’ai fait refaire plusieurs fois par mon costumier de Dinard! ».
« Nous voilà repartis sur les routes! »: la haute saison des bénévoles napoléoniens démarre à Golfe-Juan, à raison d’au moins un week-end par mois. Son épouse incarne l’impératrice Joséphine, ses enfants un page et un carabinier. « Tous mes amis sont en uniforme », avoue-t-il.
L’avocat va parcourir à cheval quelques étapes de la périlleuse route des Alpes, de Golfe-Juan à Grenoble, une première. Il arrivera aussi triomphalement à Paris le 20 mars pour reprendre le pouvoir, gagnera la bataille de Ligny en juin, avant l’apothéose, la défaite de Waterloo.
« A Waterloo, j’amène la tente impériale, meublée, avec toute la vaisselle, dans une remorque ». Pour le bicentenaire belge, une méga-production son et lumière, « il y avait 8.300 enthousiastes inscrits, mais tous n’ont pas été retenus ». Ils seront 6.000.
Samson fera définitivement ses adieux à Bonaparte sur l’île d’Aix en juillet. Sans vraiment décrocher: il se muera en conférencier sur l’Empire et va créer un musée itinérant avec sa collection d’uniformes.
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