Dans la Sarthe, les passionnés de course de dromadaires rêvent de reconnaissance

Dans la Sarthe, les passionnés de course de dromadaires rêvent de reconnaissance
AFP

Ils sont huit au départ, l’allure pas toujours très assurée et montés sur des bêtes parfois réfractaires, mais tous briguent le titre de nouveau champion de France de course de dromadaires, décerné dimanche à l’hippodrome de La-Chartre-sur-le-Loir (Sarthe).

« On n’avait pas la prétention de faire des temps extraordinaires, mais notre objectif était de faire une course propre », a expliqué Olivier Philipponneau, 45 ans, organisateur de l’évènement et qui a conservé son titre acquis il y a deux ans.

Disputée sur un tour de piste (1.000 mètres), sur un terrain rendu gras par une averse de dernière minute – un handicap pour les dromadaires peu habitués aux pelouses lourdes -, la course a démarré lentement avant d’accélérer.

Dans le dernier virage, deux chutes – sans gravité – sont survenues et c’est seulement dans la ligne droite finale qu’Olivier Philipponneau a laissé Shilla, son dromadaire femelle de 11 ans, donner sa pleine vitesse pour l’emporter d’une longueur sous les encouragements du speaker et les vivats d’un public très familial composé d’environ 2.500 spectateurs.

« Je n’ai pas vraiment de mérite, je suis le plus expérimenté et j’ai le meilleur dromadaire », a commenté, humblement, le vainqueur, en descendant de selle.

Après la course, les enfants et les adultes qui se pressaient autour de l’enclos des bêtes exotiques à une bosse, étaient presque aussi nombreux que les turfistes enregistrant aux caisses leurs paris pour la réunion hippique plus classique qui a suivi.

Le petit hippodrome des Glerches, où se tient cet évènement tous les deux ans, ne ressemble pas vraiment aux complexes sportifs d’Arabie Saoudite ou du Qatar qui accueillent sur plusieurs jours des dizaines de courses.

Dans les pays du Golfe, les courses de dromadaires, montés par des robots télécommandés, sont une véritable institution. Un centre d’optimisation génétique pour dromadaires de course, par insémination artificielle et clonage, a même vu le jour il y a quelques années aux Émirats Arabes Unis.

Des jockeys disputant le championnat de France de course sur dromadaires, sur l'hippodrome de La Chartre-sur-le-Loir (Sarthe), le 10 août 2014

Pour Olivier Philipponneau, la découverte des courses de dromadaires remonte à 10 ans, presque par hasard.

« Je suis tombé sur une interview de l’organisateur du marathon de Douz en Tunisie, qui disait qu’un jockey s’était désisté et qu’il avait besoin de quelqu’un sinon la course risquait de tomber à l’eau, alors je me suis présenté », a-t-il raconté.

« Je montais à cheval depuis longtemps, et j’ai toujours voulu monter à dromadaire. Pas tenu par un guide. Je voulais vraiment savoir me débrouiller seul », a-t-il poursuivi.

– Héritage des troupes coloniales –

Depuis huit ans, il est invité chaque année avec son association Dromas pour des courses au Koweït pour se mesurer à des jockeys d’autres pays arabes, mais aussi de nations comme l’Allemagne ou la Suisse, ce qui vaut au petit groupe de passionnés dont il fait partie le titre semi-officiel d' »équipe de France de course de dromadaires ».

Mais ce que veut surtout Olivier Philippinneau, c’est que sa discipline soit reconnue, en France.

« Il existait un grand savoir-faire dans la monte des camélidés au sein de l’armée française, au temps des colonies, avec les Compagnies méharistes sahariennes (méhari signifie dromadaire) », a-t-il rappelé.

Il s’est entouré de partenaires venus des pays où cette pratique est encore vivace, comme Eli Moussami, un Tchadien selon lequel, « au Tchad aussi, la culture autour du dromadaire est menacée. Aussi bien par l’avancée du désert que par l’insécurité croissante liée à la présence de groupes terroristes comme Aqmi ou Al-Qaïda ».

A terme, il espère séduire suffisamment d’adeptes pour organiser un vrai championnat de France, sur plusieurs courses, dans différents hippodromes, mais toujours avec l’aide des pays où le savoir-faire a été conservé.

« Il y a 500 dromadaires en France. Moi, j’en dresse 5 à 8 par an, mais ce n’est pas suffisant, Le développement passera forcément par l’échange avec ces pays-là. Alors ça arrivera peut-être quand je serai déjà bien vieux. Mais ça arrivera », a-t-il promis.

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