COP21: privés de marche à Paris, les manifestants recouvrent la place de la République de chaussures
Des chaussons de bambins, des bottes remplies de fleurs, des baskets accompagnées d’un mot pour la planète: plusieurs milliers de chaussures ont recouvert dimanche matin la place de la République à Paris, d’où devait partir la marche pour le climat, annulée après les attentats de Paris.
« Plus de quatre tonnes » de chaussures ont été collectées depuis une semaine, explique à l’AFP Emma Ruby Sachs, directrice adjointe d’Avaaz, mouvement mondial de mobilisation citoyenne, à l’initiative de l’opération.
Ce gigantesque parterre, qui recouvre un bon tiers de la place de la République, est « un monument symbole de la détermination des gens à être écoutés », ajoute Mme Ruby Sachs. La statue au centre de cette place s’est imposée aux Parisiens comme lieu de rassemblement et mémorial spontané après les attentats qui ont endeuillé la capitale le 13 novembre.
Tous les souliers ont été orientés vers la place de la Nation, où la manifestation devait s’achever.
« C’est une expérience incroyable que de déambuler entre ces milliers de paires. Les gens peuvent ressentir la douleur des voix réduites au silence mais aussi l’espoir que cette conférence puisse sauver la planète », développe-t-elle.
Les bras chargés de trois paires, Raphaël, 24 ans, doctorant à Louvain-la-Neuve (Belgique), est venu exprès de Bruxelles pour participer à l’événement. « C’était plus important pour moi de pouvoir manifester, mais au moins, ça montre que beaucoup de personnes se seraient déplacées », se console-t-il.
Parmi les chaussures d’anonymes, se sont glissées quelques paires VIP: les runnings du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, les bottines de l’actrice Marion Cotillard, les talons aiguilles de la célèbre styliste Vivienne Westwood. « Même le pape François a envoyé une paire », ajoute une membre de la campagne Avaaz.
La marche pour le climat prévue à la veille de l’ouverture de la COP21 avait été annulée à la suite de l’interdiction de manifester décrétée dans le cadre de l’état d’urgence imposé en France après les attentats.
Un peu plus loin, à proximité du Bataclan, où 90 personnes ont été tuées lors des attentats, plusieurs représentants de communautés des îles Pacifique et d’Amérique latine, vêtus de leurs habits traditionnels, ont organisé « une cérémonie d’apaisement » faites de chants, de danses guerrières et de poésie pour associer la mémoire des victimes à l’urgence climatique.
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