Concerts XXL : musique et démesure

Les Rolling Stones, ces papys du rock, sont parmi les groupes les plus habitués à fouler les scènes des stades à travers la planète © Getty Images

Ces spectacles époustouflants très attendus par des milliers de fans cachent des enjeux qui dépassent les quelques heures de show. Plongée au coeur des grand-messes musicales.

Les concerts XXL donnent souvent au public placé au-delà du cinquantième rang l’impression de voir son idole comme «un Playmobil dans un évier». Malgré cet inconvénient, les shows surdimensionnés gardent la cote depuis les eighties. Ainsi, après avoir assisté à la venue de Michael Jackson, en 1988, au Parc des Princes (40.000 personnes), Johnny Hallyday assurait ne pas vouloir faire de même. Cinq ans plus tard, il y jouait aussi. Et en 1998, il chantait au Stade de France (100.000 personnes). Plus de vingt ans après, d’autres légendes font désormais des «big shows» des étapes mondiales incontournables.

On ne vit qu’une fois

Les spectacles en live n’ont jamais eu autant de succès que depuis la fin du confinement. Cela relèverait d’une nouvelle philosophie baptisée Y.O.L.O. («You Only Live Once») : on ne vit qu’une fois. Donc, profitons-en, notamment au concert. Les ventes

de places en ligne explosent au sens figuré. Comme au sens propre : les billetteries pour la nouvelle tournée de Taylor Swift se sont récemment bloquées sous les clics des fans ! Et les reventes sous le manteau ont vu un ticket à 130 € grimper jusqu’à 3.000 €.

La puissance du «live»

À ces bénéfices s’ajoutent ceux des restaurants, des hôtels et autres logements avoisinant les arènes de l’événement. «Les artistes vivent pour se produire. Ils peuvent vendre des millions de disques, ça ne remplace pas le live avec le public qui a très peu l’occasion d’expérimenter quelque chose d’aussi puissant !», note Jem Aswad de Variety.

Les «roadies», soldats du show

Les émotions sont aussi addictives pour les «roadies», techniciens qui, dans l’ombre, montent et démontent l’infrastructure de la tournée.

JRock News a interviewé l’un d’eux en toute discrétion. «Le sentiment d’accomplissement et de liberté nous restent gravés dans la peau et on devient accro», dit-il. «Quand je vois les foules s’emballer, mon enthousiasme me pousse à faire encore plus d’efforts !» Et tant pis si les horaires sont extensibles et la fatigue, intense. «On voyage beaucoup, on perd le sens du jour et de la nuit !»

Seau à vomi

Ces collaborateurs dévoués connaissent tous les secrets d’un concert XXL. Selon leurs témoignages dans Cosmopolitan. com, il faut parfois séparer les membres d’un groupe qui se chamaillent ! «Ironiquement, ceux qui se disputent livrent un spectacle plus intéressant», confie un roadie. «Car cette animosité crée une énergie vivifiante.» Quant aux seaux à urine et à vomi : «Ils sont bien réels ! En particulier pour les artistes qui jouent de longs sets et ne peuvent pas s’arrêter. C’est rock and roll quand un guitariste réalise soudain qu’il doit aller aux toilettes, court vers un assistant et dit : « Apporte-moi quelque chose ! ».»

De l’importance des papys

Étonnamment, «les rock stars plus âgées restent la pierre angulaire de l’industrie du concert», constate Dave Brooks du magazine Billboard. «Mais beaucoup font leurs adieux scéniques ou sont sur le point de les faire, comme Kiss, Genesis, Elton John ou les Rolling Stones, groupe qui a l’un des revenus par fan les plus élevés. Si les stars vieillissent, leur public quitte le marché. C’est un problème auquel l’industrie sera confrontée au cours des dix prochaines années si davantage d’entre elles partent. On va passer du rock à plus de pop.» La relève par les Ed Sheeran, Beyoncé, Lady Gaga ou Billie Eilish est d’ores et déjà programmée !

Cet article est paru dans le Télépro du 27/07/2023.

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