Comment «Stuart Little» a permis de retrouver un tableau hongrois disparu
Un tableau de maître hongrois considéré comme perdu pendant plus de 80 ans va être vendu aux enchères à Budapest après avoir été identifié tout à fait par hasard par un historien de l’art dans un décor du film américain « Stuart Little », a-t-on appris jeudi.
Signée Robert Bereny (1888-1953), l’un des maîtres de l’avant-garde hongroise de l’entre-deux-guerres, la « Dame endormie au vase noir », une oeuvre dûment répertoriée, était considérée comme perdue depuis les années 1920.
La toile, qui sera mise à prix environ 110.000 euros, le 13 décembre, aurait pu compter longtemps encore parmi les trésors perdus de l’art sans l’oeil averti de Gergely Barki, un expert travaillant pour le Musée national de Hongrie.
Tout a commencé un beau jour de 2009, alors que M. Barki regardait avec sa fille de 3 ans le film « Stuart Little« , mettant en scène la souris éponyme aux côtés des acteurs Hugh Laurie et Geena Davis.
« Je n’en ai pas cru mes yeux quand j’ai vu le chef d’oeuvre de Bereny que tout le monde croyait perdu accroché au mur à côté de Hugh Laurie ! », a raconté M. Barki à l’AFP.
L’expert, aujourd’hui âgé de 43 ans, n’avait bien entendu jamais vu le tableau de ses propres yeux mais le connaissait par une vieille photo en noir et blanc publiée dans un catalogue de 1928. La toile n’avait été remarquée par aucun des millions de spectateurs qui avaient vu le film depuis sa sortie en 1999.
Après un échange frénétique de couriels avec Columbia et Sony Pictures, les producteurs du film, M. Barki finit par entrer en contact avec une ancienne scénographe qui avait travaillé sur le tournage aux Etats-Unis.
« Elle m’a expliqué avoir vu le tableau chez un antiquaire de Pasadena, en Californie, et l’avoir acheté pour une bouchée de pain parce que son style d’avant-garde lui semblait bien convenir au salon de Stuart Little », explique l’historien.
La scénographe a par la suite racheté le tableau aux studios à titre privé, avant de le revendre après avoir découvert, grâce à M. Barki, qu’elle avait acquis une toile de prix.
Selon l’expert, il est possible que le tableau ait été acheté avant-guerre par un collectionneur juif qui l’aurait emporté aux Etats-Unis face à la menace nazie. « Beaucoup de chef d’oeuvres se sont perdus dans les turbulences du 20e siècle », note M. Barki.
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