«C’est freiner le plus dur» : quand le policier recueille les perles de la route
«J’ai la gangrène dans ma jambe de gauche, alors c’est difficile d’utiliser la pédale correctement pour arriver à faire un arrêt…» Alexandre Despretz, motard de la police, ne met pas que des amendes aux automobilistes: il collectionne aussi leurs perles pour justifier leurs (mauvais) comportements.
Le policier qui aligne depuis 2004 « plus de 100.000 kilomètres au compteur » a déjà compilé ses « brèves de route » en 2011 et 2012. Il récidive en publiant jeudi une nouvelle version, « Les bonnes excuses des mauvais conducteurs » (Éditions du Cherche-Midi).
« Tout le monde me connaît maintenant et m’envoie à son tour ses meilleures blagues », raconte le motard de la préfecture de police de Paris.
De l’automobiliste qui justifie un taux d’alcool élevé par un plat de bœuf bourguignon, à celui qui explique un défaut de ceinture par manque d’habitude car il fait du scooter, l’imagination des contrevenants est, selon lui, « une source inépuisable ».
Extraits:
« Bonjour, vous avez bu ?, demande le policier.
– Non, juste une cuillère.
– Regardez-vous, vous ne tenez pas debout.
– Mais moi, Monsieur, je conduis assis. »
Un conducteur de scooter remontant les bouchons sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute: « pour tout vous avouer, je suis malade; si vous voulez, vous pouvez prendre ma température ».
Cet automobiliste qui implore: « c’est mon premier PV depuis 22 ans, vous pouvez m’en faire un petit s’il vous plaît ? »
« Ne me traitez pas de demeuré »
Cet autre pas content:
« Vous demeurez où Monsieur ?
– Vous ne me traitez pas de demeuré ! »
Ce contrevenant encore, qui nie avoir grillé un feu rouge mais juste « un tricolore ». Cet autre qui propose de donner aux agents de la circulation le permis de conduire de sa femme parce qu’il n’a plus de points sur le sien.
Celui-ci, qui roule trop vite, et prétexte que sa femme accouche. Il appelle la maternité pour implorer de « retarder l’accouchement de dix minutes ». « En plus, ma mère est malade, elle vient d’avoir un infarctus de la cocarde », lance-t-il au policier.
Une automobiliste, surprise au volant téléphone portable vissé à l’oreille: « Bah justement, ça tombe bien, je suis avec mon patron, je lui demandais un kit mains libres ».
Alexandre Despretz a fait des émules et reçoit même maintenant les perles d’automobilistes effectuant des stages de récupération des douze points du permis de conduire.
« Accélérer, tout le monde sait faire, c’est freiner le plus dur », y résume Alexandre. « Les gens sont dangereux sur la route, ils ne respectent plus les limitations de vitesse, ils sont en-dessous », selon Arthur.
Lamine, philosophe : « Je roule vite pour récupérer du temps que je n’ai pas perdu ». Thomas, macho: « le plus dangereux sur la route? C’est mon ex-femme ».
L’auteur travaille actuellement, à partir de ces perles, avec la Sécurité routière. « Ça humanise la fonction de policier », estime-t-il, « cela montre que les policiers ne sont pas des robots ».
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