Aux « Crufts », les chiens britanniques face à la concurence « déloyale » de l’étranger

Aux "Crufts", les chiens britanniques face à la concurence "déloyale" de l'étranger
AFP

La participation « massive » de chiens étrangers aux « Crufts » –illustre exposition canine organisée jusqu’à dimanche dans le plus pur esprit « british » à Birmingham– inquiète certains propriétaires britanniques qui craignent une concurrence déloyale.

Alors que la question de l’immigration de personnes constitue l’un des dossiers politiques les plus brûlants des élections législatives à venir en mai, sa transposition au meilleur ami de l’homme embrase la vénérable institution canine, dont la création remonte à l’époque victorienne.

Cette année, près de 22.000 chiens sont invités à la foire annuelle pour s’affronter lors de multiples concours de beauté et de comportement. Or 2.987 viennent de l’étranger, soit trois fois plus qu’il y a seulement six ans.

La France est le pays extérieur le plus représenté avec 377 chiens, caniches et chiots, devant l’Italie et l’Allemagne. La levée en 2001 de la quarantaine de six mois pour l’entrée des chiens au Royaume-Uni a accéléré un phénomène qui s’amplifie depuis d’année en année.

Mais cette mixité, qui s’étend à des pays comme la Malaisie, l’Argentine et les Bermudes, ne plaît pas à tout le monde. Le Daily Telegraph a interrogé plusieurs propriétaires britanniques qui, sous couvert d’anonymat, dénoncent une « invasion » et crient à l’injustice, puisque ces chiens étrangers ont été dressés d’une « autre manière » et adoptent un comportement « différent » aux concours.

Ils pointent les « différences culturelles », en particulier avec les Etats-Unis, où les propriétaires emploient des professionnels pour pomponner leurs chiens à grand renfort de laque pour cheveux, alors qu’en Grande-Bretagne les propriétaires sont le plus souvent des retraités.

En 2014, deux des sept principaux prix ont été remportés par des chiens étrangers: « James », un lévrier d’Irlande venu de Belgique et « Colin », un spitz nain de Pologne.

Certains craignent aussi que l’ouverture à l’étranger exacerbe la concurrence et pousse à franchir la ligne rouge aux Crufts, où tous les coups semblent parfois permis.

En 2004, un Doberman est ainsi tombé malade juste avant son show parce que quelqu’un avait mélangé un sédatif à sa viande, selon son propriétaire.

D’autres techniques, explorées par le Times vendredi, consistent à coller du chewing gum dans les poils du chien et de mettre un laxatif dans sa gamelle.

La manœuvre la plus perfide consiste sans doute à glisser une chienne en chaleur au milieu d’un concours, sans masquer son odeur par un spray à l’eucalyptus, afin de faire perdre tous les moyens et ses bonnes manières aux mâles si patiemment dressés.

Contrairement aux shows américains, où les propriétaires peuvent repartir avec des milliers de dollars, les prix aux Crufts rapportent à peine une centaine de livres. Mais la descendance des chiens récompensés peut ensuite se négocier au prix fort. Et le prestige est immense.

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