Au musée de l’Ermitage, des chats tiennent compagnie aux chefs d’oeuvre

Au musée de l'Ermitage, des chats tiennent compagnie aux chefs d'oeuvre
AFP

Depuis plusieurs siècles, à Saint-Pétersbourg, alors que les visiteurs arpentent les salles du musée de l’Ermitage, des dizaines de matous chassent les rongeurs dans les caves du plus grand musée d’art de Russie.

« Nos chats sont aussi connus que notre collection », affirme Irina Popovets, chargée de l' »unité féline » de l’Ermitage s’occupant des 70 chats qui vivent dans les caves du musée de l’ancienne cité impériale.

Irina Popovets, 45 ans, descend tous les matins les nourrir: une nuée de félins de tous poils et toutes races se pressent contre ses mollets et ronronnent en attendant la pâtée. Certains jours, avec trois autres collaboratrices, elle vaccine les nouveaux arrivés et soigne les malades.

« La plupart sont mal en point », avoue Irina dans son bureau, une pièce aux murs ornés de portraits de chats, située non loin des caves qui s’étendent sur une vingtaine de kilomètres.

« Les gens nous apportent très souvent des chats en toute discrétion », ajoute-t-elle.

L’histoire des chats de l’Ermitage remonte à la signature en 1745 par l’impératrice Elisabeth I, fille de Pierre le Grand, d’un oukase ordonnant « de trouver à Kazan les meilleurs chats, les plus grands, aptes à attraper des souris, en vue de les envoyer à la cour de Sa Majesté ».

Un chat devant le musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg le 14 octobre 2015

A l’époque de Catherine II, plusieurs félins, nommés alors « les chats du Palais d’Hiver », y résidaient officiellement.

Leurs descendants ont disparu lors du siège de Leningrad par l’armée allemande entre août 1941 et janvier 1944, lorsque la population affamée a dévoré tous les animaux domestiques présents dans la ville.

La légende veut que la garde féline du palais ait été reconstituée après la fin des hostilités avec un train plein de chats ramassés partout en Russie. Dans les années 1960, les « chats de l’Ermitage » étaient devenus si nombreux qu’il avait fallu se résoudre à les abandonner.

– Aimants, cahiers et cartes postales –

Mais quelques années plus tard, face à la prolifération des rats dans les caves, les matous ont regagné leur place. Même s’ils n’ont plus accès aux 1.000 salles du musée où sont exposées plus de 60.000 œuvres d’art, le musée estime que leur présence suffit à éloigner les rongeurs.

Invisibles, les « chats de l’Ermitage » sont malgré tout bien connus des 3 millions des touristes qui le visitent chaque année. A la fois symboles d’une tradition et publicité vivante, ils sont maintenant devenus l’effigie d’aimants, de cahiers et de cartes postales disponibles dans toutes les boutiques du musée.

Un chat devant le musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg le 14 octobre 2015

« Vu la popularité des chats de l’Ermitage, nous avons lancé une procédure pour enregistrer la marque du même nom », a annoncé fin septembre le directeur du musée, Mikhaïl Piotrovski.

Une fête est même consacrée aux « chats de l’Ermitage » une fois par an, et un site web a été créé pour que des Saint-Pétersbourgeois puissent adopter un de ces chats connus dans toute l’ancienne cité impériale.

Le téléphone d’Irina sonne: une voix masculine s’enquiert des modalités à effectuer pour venir chercher un petit chat, dont il a vu l’image sur le site web.

« Vous avez raison, c’est un honneur d’adopter un chat de l’Ermitage », le félicite Irina.

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