Au Mexique, l’évasion de « El Chapo » inspire les chanteurs « narcos »
Le baron mexicain de la drogue Joaquin « El Chapo » Guzman s’est évadé depuis moins de quatre jours mais les chansons à sa gloire fleurissent déjà sur internet.
Le « narco-corrido », genre musical qui conte les « exploits » des leaders de cartel, fait partie de la culture locale dans le nord du Mexique.
Sur un rythme de polka, gai et entraînant, avec guitares, accordéons, et parfois trompette, les chanteurs délivrent des paroles qui parlent de violence, d’armes et d’affrontement.
Dans une vidéo postée sur Youtube, Daniel Reyes fredonne sur son pick-up : « Samedi 11 juillet, je commence à chanter sur la plus célèbre évasion de Joaquin +°El Chapo+ Guzman/Il a fui (le Président Enrique) Pena Nieto, il s’est enfui de prison ».
Reyes regarde son sombrero avant d’entamer un nouveau couplet : « Je n’étais pas né pour être un prisonnier/Je suis né pour faire du business, alors laissez-moi travailler/Si le gouvernement essaye de me ficeler, je m’enfuirai encore ».
Le leader du puissant cartel de Sinaloa a réussi samedi soir une spectaculaire évasion de prison, digne d’un film hollywoodien, par un trou percé dans sa douche débouchant sur un tunnel de plus d’1,5 kilomètre de long.
En 2001, il s’était déjà enfui d’une autre prison, cette fois dissimulé dans un panier à linge sale, avant d’être arrêté de nouveau en février 2014.
Lupillo Rivera, qui a enregistré plus de 20 albums, débute sa chanson par l’annonce de l’évasion de « El Chapo » dans les médias.
« La nouvelle est chaude/Mais je ne suis pas surpris/La capture de +El Chapo+ était un scandale/Les cheveux bien peignés, et sous sa baignoire l’homme s’est de nouveau échappé », chante Rivera dont la chanson a déjà été écoutée près de 130.000 fois sur Youtube.
«Merci Dieu, il est sorti»
Mais si les « chanteurs narcos » relatent favorablement les aventures criminelles des leaders de cartels, ils n’échappent pas toujours à la violence.
Plus de cinquante d’entre eux ont été abattus au Mexique depuis que la guerre pour le contrôle de la drogue s’est intensifiée en 2006.
Beaucoup ont reconnu avoir composé leurs ballades à la demande de trafiquants voulant que leurs exploits soient contés.
Certains gouvernement locaux ont tenté d’interdire les concerts de ces musiciens d’un genre à part.
Un des chanteurs les plus populaires, Alfredo « El Komander » Rios, s’est vu infliger une amende de 8.000 dollars en 2013 pour avoir entonné ses chansons à Chihuahua, un Etat du nord où le trafic de drogue est omniprésent.
Un autre musicien inspiré par Guzman, Ariel Nuno, défend sa chanson sur sa page Facebook.
« Que certains écrivent des corridos sur des événements tels que l’évasion de +El Chapo+, je trouve ça très bien. Et oui, c’est vrai que je suis un opportuniste car j’ai toujours cherché à me faire connaître », écrit Nuno.
Grattant sa guitare dans sa chambre aux murs tapissés de photos, Nuno fait allusion à de probables complicités de la part de responsables dans l’évasion du baron de la drogue, utilisant un proverbe mexicain qui dit que « l’argent décide de tout ».
« Avec l’argent le chien danse, et maintenant il danse à nouveau/Merci Dieu, il est sorti de cette prison », chante Nuno, qui compte déjà plus de 70.000 visionnages sur son site web.
Un autre groupe, Los Alegres del Barranco, qui avait déjà mis en musique l’arrestation de Guzman en février 2014, a posté cette fois une chanson sur son évasion qui a déjà généré plus de 30.000 clics.
« Où est +El Chapo+?, Dieu seul sait/A Sinaloa ou à la frontière, tu es déjà parti par avion ou par la route », chante le groupe au son de l’accordéon.
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