Aliwaxima, le cireur iranien qui circule en escarpin géant

Aliwaxima, le cireur iranien qui circule en escarpin géant
AFP

Au volant de son tricycle pétaradant en forme d’escarpin rouge géant à talon aiguille, celui qui se fait appeler « Aliwaxima », cireur de chaussures de 42 ans, a fière allure et ne passe pas inaperçu dans les rues de Téhéran.

Partout où il surgit dans cette immense ville de 13 millions d’habitants peu réputée pour sa fantaisie, des attroupements se forment. A pied, en voiture, en moto, on s’arrête pour des selfies dans ou devant sa drôle de chaussure roulante.

« Je suis le seul cireur de chaussures en voiture du pays », affirme fièrement Ali, habillé avec élégance, chemise bleue et cravate sombre, et portant aux pieds des mocassins reluisants – forcément.

« Il y a huit ans, j’ai eu l’idée de fabriquer une voiture pour proposer mes services en tant que cireur de chaussures », explique « Aliwaxima » – un jeu de mots tiré de l’anglais « wax » (cire) pour dire qu’il est le meilleur des cireurs d’Iran – de son vrai nom Mohammad Ali Hassan Khani.

Ali vit avec son temps, les gens l’appellent sur son portable bien sûr, mais il est également sur internet et possède des comptes Instagram et Facebook, agrémentés de photos de sa rutilante chaussure en fibre de verre.

Aliwaxima, cireur de chaussures, et son tricycle en forme d'escarpin dans les rues de Téhéran, le 19 août 2015

Sur l’escarpin au talon vertigineux, se trouvent inscrits son téléphone, les coordonnées de ses pages Instagram et Facebook, un site pourtant interdit en Iran. Et puis cette inscription: « The first shoe shape car in Iran » (première voiture en forme de chaussure d’Iran).

« C’est super », s’enthousiasme un passant en voyant l’étonnant tricycle, tandis qu’un autre se demande s’il s’agit d’une publicité pour une marque de chaussures.

D’autres semblent connaître depuis longtemps « Aliwaxima », qui travaille dans les rues du centre de Téhéran depuis 18 ans.

– Une chaussure qui attire les femmes –

« Au départ, j’avais un simple tricycle à essence. Je lui ai donné tout d’abord une forme de mocassin d’homme. Puis il y a trois mois j’ai décidé de le transformer en chaussure rouge à talon aiguille », raconte Ali.

Une riche idée: « depuis, j’ai beaucoup plus de clients, plus de 1.500 personnes me suivent sur Instagram », se réjouit-il. « Avant j’avais surtout des clients hommes, mais maintenant j’ai aussi des clientes qui m’encouragent. »

Cette idée lui est venue en voyant des images de chaussures géantes utilisées par les cireurs d’autres pays. « Mais elles n’étaient pas motorisées », précise-t-il, l’œil malicieux derrière ses lunettes de vue.

Ali a travaillé pendant deux mois et demi pour fabriquer sa nouvelle chaussure rouge. « Les gens adorent ma voiture. Ils aiment s’y installer et prendre des photos. »

Aliwaxima, cireur de chaussures, et son tricycle en forme d'escarpin dans les rues de Téhéran, le 19 août 2015

Cela lui a permis d’étendre ses activités à d’autres domaines. « J’ai de nouvelles demandes, je suis déjà allé à cinq mariages. Les mariés s’installent dans la voiture et se font prendre en photo. » Une affaire rentable. « Pour les mariages, on me paie cinq millions de rials », soit un joli pactole de 140 dollars, confie Ali.

« Mais en moyenne, je gagne environ 700.000 rials par jour » (20 dollars) », dit-il, un bon salaire en Iran si on le compare à celui d’un ouvrier payé en moyenne 15 dollars par jour.

Lorsqu’on lui demande si la police le harcèle ou essaie de l’empêcher de travailler, il éclate de rire: « les policiers sont les premiers à vouloir se faire prendre en photo dans ma voiture ! »

Ali ne parle pas un mot de français, mais son rêve est d’aller travailler en France et d’y faire rouler sa chaussure rouge sur l’avenue des Champs-Elysées à Paris. Même là, elle ne passerait pas inaperçue.

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