A Callac, les lanceurs de couteaux et de haches mettent dans le mille

A Callac, les lanceurs de couteaux et de haches mettent dans le mille
AFP

Concentration maximale, regard aussi aiguisé que leurs lames et geste vif mais précis, ce week-end, 147 lanceurs de couteaux et de haches de 15 pays différents ont disputé en Bretagne les championnats du monde de la discipline.

A Callac, une petite ville des Côtes-d’Armor, des dizaines de stands de tirs aux formes et aux couleurs variées ont été disposés sur le terrain de football du stade municipal.

Sous un très beau soleil d’août, Français, Allemands, Russes, Tchèques, Italiens, mais aussi, pour la première fois, des Américains, ont entamé à 9H00 la deuxième journée de cette compétition, organisée de vendredi à dimanche.

Des centaines de curieux, maintenus derrière des barrières de sécurité, regardent les lanceurs rivaliser d’adresse à 3 mètres, à 5 mètres, à 7 mètres, dans des épreuves de vitesse, ou au tir sur une silhouette – avec pour objectif, comme dans le célèbre numéro de cirque, de viser des cibles entourant une Cléopâtre de carton, sans la toucher.

Cette rencontre internationale se déroule pour la première fois en France grâce à Pierre Cazoulat, 46 ans, un enfant du pays, passionné depuis tout petit par les lancers, et qui a fait de la coutellerie son métier.

Des lanceurs de couteaux et de haches disputent en Bretagne les championnats du monde de la discipline le 23 août 2014 à Callac

Après avoir passé plusieurs années au Canada, il a découvert le lancer de couteau sportif en 2008 et commencé à participer à des compétitions nationales et européennes.

Rendre ce sport accessible au plus grand nombre

Cette année, il a décidé de faire des championnats d’Europe, organisés tous les ans par l’association Eurothrowers, un évènement mondial, en invitant des lanceurs des États-Unis.

« Il y a aussi de très bons lanceurs en Indonésie et au Japon, mais on n’a pas pu les faire venir cette fois-ci », a-t-il confié à l’AFP.

Il a aussi voulu rendre son sport, encore méconnu, accessible au plus grand nombre, quitte à malmener un peu l’organisation des dernières années, centrée autour des lancer à 3, 5 et 7 mètres.

Cela donnait des « compétitions assez monotones pour le public qui n’est pas averti », a-t-il estimé.

« On a essayé de créer un peu d’émotion autour de ça et d’apporter un petit côté spectaculaire », en ajoutant par exemple une épreuve en « duels », où les lanceurs s’affrontent – en tirant sur une cible, évidemment – avec un système à tableau et à élimination directe.

Le lancer de couteau et de hache reste toutefois un sport très masculin, avec seulement 33 femmes sur 147 concurrents. Une proportion étonnamment basse, dans la mesure où la force ne joue qu’un petit rôle dans ce sport.

Pierre Cazoulat, organisateur des championnats du monde du lancer de couteaux et de haches en Bretagne à Callac le 23 août 2014

« C’est le relâchement qui apporte la force et la vitesse au couteau, ce n’est pas une question de musculature », a expliqué M. Cazoulat.

Ce qui compte, c’est la « maîtrise de soi, et d’arriver à analyser comment le couteau et la hache arrivent », a confirmé Daniela Meyer-Speicher, une Alsacienne de 38 ans, médaille d’argent au lancer de couteau à 3 mètres et de bronze à la hache à 7 mètres.

Elle qui a découvert la discipline il y a quelques mois, précise toutefois aussi qu' »il faut aimer l’accessoire. Si on a peur de ces instruments, c’est pas la peine de pratiquer ».

Mais la star de cette édition est incontestablement Melody Cuenca, une lanceuse américaine qui a raflé vendredi, pour la première journée, le bronze au couteau à 3 mètres, l’argent à la hache à 5 mètres, et l’or au couteau à 5 mètres et à 7 mètres.

L’Américaine a toutefois le triomphe modeste. « Je lance des couteaux depuis 9 ans. Mon mari et moi avons une école d’arts martiaux à Las Vegas où nous enseignons le lancer des couteaux », a-t-elle raconté.

A ceux qui seraient tentés par cette discipline, elle n’a qu’une recette à conseiller: « beaucoup d’entraînement et beaucoup de patience ».

« Je peux apprendre les bases à quelqu’un, mais après, c’est vraiment l’entraînement qui fait la différence. Vous pouvez effectuer un lancer parfait n’importe quand, mais il n’y a que l’entraînement qui vous permettra de faire ce geste encore et encore et encore ».

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