Walt Disney : le rêve pour refuge
Ses héros, parfois créés voici près d’un siècle, émeuvent encore petits et grands. Mais la «montagne» Disney n’a pas accouché facilement d’une souris…
Lorsque Walter Elias Disney décède en 1966, une enquête révèle que 240 millions de gens ont vu un film de Disney, 100 millions une de ses émissions télé, 80 millions un livre de ses héros et 7 millions ont visité Disneyland (parc lancé en 1955) !
Si l’on demande à la jeunesse actuelle qui sont les stars américaines John Wayne, Judy Garland ou Cary Grant, peu le savent. Mais tous connaissent Mickey ou Bambi ! Comme le montre Arte, dimanche à 22h35, le petit dessinateur aux grands rêves, a laissé une trace. Au prix fort…
Au travail à 9 ans
Walter naît en 1901, dans une famille modeste. Son père galère avec son entreprise de diffusion de presse et reporte sa colère sur ses enfants. Aidé de son frère Roy, le garçon cumule école et travail en livrant des journaux chaque matin avant la classe. Le paternel empoche l’argent… «J’ai eu peu de temps de jeu», confie plus tard le papa de Mickey très tôt réfugié dans un monde imaginaire qu’il crée.
Selon son biographe, Neal Gabler, «il a dessiné un univers fantastique où il se sentait aimé et en sécurité, où il pouvait tout contrôler». Devenu adulte, Disney fera une dépression, des cauchemars où son géniteur lui demande des comptes et, au faîte de sa gloire, refusera d’aller aux funérailles paternelles.
Décidé à réussir pour fuir la misère, Walt lance avec son cadet une production de courts métrages comiques, la Laugh-O-Grams, mais fait faillite en 1923. Les frères partent à Hollywood, créent le Disney Brothers Studio (future Walt Disney Company) et sortent de l’anonymat grâce à «Steamboat Willie» (1928), premier récit où apparaît Mortimer Mouse (bientôt rebaptisé Mickey) et premier dessin animé sonore, pari risqué car novateur.
Dépassé par le succès
Mais investisseurs et public adorent. L’ex-gamin désabusé s’érige en pionnier du court métrage en couleur avec «Silly Symphonies» (1932), puis du long métrage avec «Blanche-Neige et les Sept nains» (1937). Bon dessinateur mais aussi excellent scénariste, l’homme, bien que marié, ne se consacre qu’à sa carrière et concrétise une idée folle : le premier parc d’attractions dédié à son univers. Ce lieu «où chacun doit être heureux» ouvre en 1955.
Le papa de Mickey découvre hélas la rançon de la gloire. Il n’a plus d’amis, s’est mué en tyran perfectionniste avec ses employés et est dévoré par un empire trop grand pour lui. «Disney est une chose publique, loin de l’homme seul que je suis», dira-t-il.
Avant de s’éteindre en 1966 à 65 ans, Walt vit un ultime rêve : le triomphe en 1965 d’un film mêlant acteurs réels et héros animés : «Mary Poppins» ! Après sa disparition, son frère Roy déclare : «Nos produits sont pratiquement éternels». Et rappelle la devise du défunt : «Si vous pouvez en rêver, vous pouvez le faire !»
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 9/7/2020
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