
Volcans européens : rallumer le feu
Ce lundi à 21h05 sur France 5 dans «Le Monde de Jamy», Jamy Gourmaud nous explique pourquoi les volcans européens nous semblent particulièrement actifs ces dernières années et s’il faut les craindre.
En matière de voisinage volcanique, sur notre planète, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. Ainsi, parmi les quelque 1.500 volcans actifs et émergés répartis dans le monde, une large part a élu domicile dans la bien nommée « ceinture de feu », soit un alignement de volcans qui bordent l’océan Pacifique et concernent des pays comme le Chili, le Japon et la Côte ouest des États-Unis. Néanmoins, notre Vieux continent n’est pas en reste.
En Europe, on recense environ une vingtaine de volcans actifs, dont de véritables stars : l’Etna italien ou l’imprononçable Eyjafjallajökull, au sud de l’Islande. Faut-il se méfier de la lave qui dort ?
Point lexique
Lorsqu’on aborde le sujet des volcans, il est essentiel d’effectuer la distinction entre un volcan actif et éteint.
Un volcan est considéré comme faisant partie de la première catégorie dès lors qu’il est entré au moins une fois en éruption au cours des derniers 10.000 ans. « Ce laps de temps correspond à la période pendant laquelle un volcan peut garder une chambre magmatique sous terre remplie d’un liquide susceptible d’entrer en éruption », indique le volcanologue Ben Kennedy à Live Science.
Il existe néanmoins des exceptions à cette règle temporelle, notamment pour ceux qu’on qualifie de « supervolcans » capables de « super éruptions ». L’Europe compte l’un des plus actifs et des plus surveillés au monde : les Champs Phlégréens, « Campi Flegrei » en italien, au nord-ouest de Naples.
Activité stable
Des éruptions volcaniques, il s’en produit tous les jours, sur terre et au fond des océans, depuis des siècles. Alors, pourquoi a-t-on le sentiment, ces dernières années, que cette activité volcanique s’est accrue en Europe et ailleurs ? « Notre perception est faussée par le fait que nous avons aujourd’hui, à notre disposition, des outils plus performants, comme les satellites, qui nous permettent de faire plus d’observations » détaille le géophysicien François Beauducel, dans les pages de GEO.
« Que constate- t-on ? Une courbe plutôt plate avec en moyenne deux ou trois grosses éruptions dans le monde par an. » Néanmoins, l’impression que l’éruption de ces volcans provoque davantage d’angoisse et de battage médiatique est bien réelle. Pas en raison d’une fréquence plus forte, mais parce qu’ils mettent plus de monde en danger. « La population augmente et on la laisse souvent s’installer dans des zones dangereuses, ce qui fait que le nombre de catastrophes croît. À l’avenir, il y aura le même taux d’éruptions, mais, hélas, plus de tragédies si on ne fait pas assez de prévention. »
Climatodépendance
L’autre aspect prépondérant de notre époque qui force les spécialistes à surveiller de plus près les volcans est bien évidemment le changement climatique. Selon les études les plus récentes, une caractéristique de la climatodépendance des volcans est leur sensibilité aux épisodes intenses de pluie. « Une infiltration des eaux en profondeur va, par exemple, réagir avec le système magmatique pour déclencher une éruption », relate Le Monde.
Un autre phénomène qui touche intensément les volcans islandais est la diminution de la couche de glace. « Cette fonte favorise la dépressurisation des volcans, ce qui pourrait entraîner une augmentation d’activité », détaille François Beauducel.
« Par ailleurs, le réchauffement climatique perturberait la façon dont les volcans envoient leurs cendres dans l’atmosphère, avec une influence sur le climat… mais plutôt dans le sens d’un refroidissement ! »
Ça fume près de chez nous
Situé à environ 1 h 30 de Liège, 2 h 30 de Bruxelles, le volcan allemand Laacher See, dans le massif de l’Eifel, que l’on pensait totalement endormi en raison de sa dernière éruption vieille de 13.000 ans, a provoqué de petits tremblements de terre à la suite du réveil du magma, il y a une dizaine d’années.
« On peut craindre une éruption, mais on la verra venir grâce à nos instruments qui sont aujourd’hui suffisamment fins pour surveiller le volcan de manière très efficace. Une éruption dans un an comme dans dix ans n’est pas à exclure. Pour la population locale, cela serait synonyme d’une évacuation dans un périmètre d’une dizaine de kilomètres, voire un peu plus », explique Corentin Caudron, volcanologue à l’ULB, dans un document de La Libre. « La Belgique serait, elle, touchée de manière indirecte. Si l’éruption devait ressembler à celle d’il y a 13.000 ans, il y aurait une fine couche de cendres sur toute la Belgique, c’est une certitude. »
« Le Monde de Jamy – Le réveil des volcans d’Europe » Documentaire aaa3 avril 2025
Le saviez-vous ?
• En Auvergne, les volcans du Massif central sont dormants depuis 6.700 ans, autant dire une petite sieste à l’échelle géologique.
• En Europe, plus de dix millions de personnes vivent dans des zones volcaniques potentiellement dangereuses.
• Le Vésuve, en Italie, est considéré comme l’un des volcans les plus menaçants au monde. Sa dernière éruption s’est produite en 1944, le volcan avait craché des coulées de lave pendant 11 jours, faisant 26 morts et 12.000 sans-abris.
Cet article est paru dans le Télépro du 3/4/2025
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