Vivre contre sable et chaleur

Des fleurs en plein désert de l'Atacama © Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

Lundi à 21h sur France 5, le documentaire «Les Superpouvoirs des plantes : déserts et plaines arides» tente de comprendre comment la végétation des déserts naît, survit et prospère au cœur de milieux arides.

On dit souvent que là où il n’y a pas d’eau, il n’y a pas de vie. Les plantes qui peuplent les déserts de notre planète peuvent se targuer de faire mentir cette affirmation. Découvrez les secrets fascinants de ces végétaux.

Succulente ruse

Les plantes dites succulentes ou grasses (mot qui évoque l’aspect visqueux de leur sève et non de la graisse à proprement parler), mais aussi, plus scientifiquement, malacophytes, dont les cactus font partie, désignent cette végétation charnue, capable de survivre en plein désert. Leur botte secrète réside dans un métabolisme particulièrement économe.

À l’inverse des autres plantes, les succulentes fixent le gaz carbonique pendant la nuit. En règle générale, la végétation «classique» capte le CO2 grâce aux pores, appelés des stomates, durant la journée et elle transforme le tout en glucides grâce à la lumière du soleil. «Problème : dans le désert, la chaleur est telle que l’ouverture des pores en pleine journée provoquerait l’évaporation d’une partie de l’eau captée», indique Le Soir. «Pour contrecarrer ce danger, ces plantes attendent la nuit et ses températures plus fraîches pour ouvrir leurs pores et capter le CO2.»

C’est ensuite uniquement au lever du soleil qu’elle transforme cette réserve en glucides. Aïe, aïe, aïe, ouille ! Pour subsister dans des lieux qui voient parfois des mois s’écouler sans une goutte de pluie, il faut aux cactus une stratégie bien en place. Premier atout de la plante qui pique, une peau cireuse, un revêtement semblable à de la cire donc, qui permet de retenir l’humidité. Ensuite, viennent les épines, qui ne sont pas seulement là pour éloigner d’éventuels chapardeurs d’eau, mais aussi pour acheminer les gouttes jusqu’aux racines. Enfin, en cas d’averses providentielles, le «corps» des cactus est capable de s’élargir pour stocker une plus grande quantité d’eau, d’où leurs tiges et leurs feuilles très épaisses.

L’aïeule

La welwitschia mirabilis est une véritable curiosité botanique. Présente dans le désert du Namib, où l’on recense par endroit moins de cinq centimètres de précipitations annuelles, la welwitschia impressionne par sa résilience, mais surtout par sa longévité. «Certains représentants de l’espèce, existant seulement en Afrique australe, ont entre 1.000 et 2.000 ans», indique le magazine Futura Sciences.

Les scientifiques ont tenté de comprendre l’apparente immortalité de cette plante. La modification de son génome causée par un stress extrême, vécu lors d’une sécheresse prolongée il y a… 86 millions d’année, expliquerait sa singularité. 

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Fleur du désert

Tous les cinq ans environ, un spectacle majestueux se produit au cœur de l’endroit le plus aride de la planète (en exceptant les «vallées sèches» de l’Antarctique). Le désert de l’Atacama, au Chili, se recouvre de fleurs. Ce tapis rose, violet et jaune apparaît grâce à deux cents espèces de plantes différentes. Toutes ont un point commun, «ce sont des «géophytes». En période sèche, leurs bulbes – organes végétaux souterrains – restent en dormance», explique GEO. «Mais en cas de pluie (ici à raison de tous les cinq ans en moyenne, ndlr), elles refont surface et déploient leurs fleurs afin d’attirer les pollinisateurs.»

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En prendre de la graine !

Face au réchauffement de la planète, nos plantes devraient-elles prendre exemple sur leurs cousines du désert ? Des scientifiques le pensent et se sont rendus dans le fameux désert d’Atacama pour identifier les moyens de défense de ces plantes qui pourraient être utiles aux nôtres. Ils ont identifié 39 molécules communes à toutes ces espèces, qui pourraient faciliter le développement de nouvelles espèces plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse, telles que les céréales ou les tomates.

Le saviez-vous ?

  • La quantité d’eau présente dans les cellules de stockage des végétaux du désert peut, par moment, représenter plus de 90 % de la masse totale de la plante.
  • Des arbustes comme l’hibiscus ou l’acacia prennent soin de pousser à distance les uns des autres afin de ne pas se faire concurrence en matière d’eau.
  • Le saguaro est un cactus qui pousse au Mexique et aux États-Unis. Sa taille peut atteindre près de quinze mètres de hauteur et il peut peser entre quatre et cinq tonnes. Sa colonne, qui peut contenir jusqu’à 3.000 litres d’eau, perd généralement la moitié de sa contenance pendant la saison sèche. 

Cet article est paru dans le Télépro du 2/2/2023

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