Virus tueurs en pleine mer : dans la Baltique, un îlot-labo !
Au large de l’Allemagne, une île-laboratoire abrite les virus parmi les plus dangereux au monde. Visite sous haute protection, grâce à Arte, ce samedi à 23h30.
On la surnomme «l’Alcatraz des virus». C’est un point minuscule sur une carte. Une petite île du sud de la mer Baltique, à deux brasses des côtes allemandes : 1 km de longueur, 300 m de largeur… L’île de Riems aurait pu faire le bonheur des touristes. Depuis plus d’un siècle, elle a une tout autre vocation : elle héberge le plus ancien centre d’étude virologique du monde.
Une centaine de virus, parmi les plus dangereux, y sont conservés et étudiés. Sous haute protection. Envie de franchir grillages et barbelés pour découvrir ce lieu où seuls quelques scientifiques ont le droit d’entrer ? Rendez-vous samedi sur Arte, avec le doc «Virus et épidémies, l’île-laboratoire».
De la campagne à la mer
L’histoire commence à la fin du XIXe siècle. Dans les fermes allemandes, bovins et porcins meurent en masse d’une mystérieuse maladie, plongeant les paysans dans la pauvreté. Ce mal a un nom : la fièvre aphteuse. Mais personne ne comprend d’où elle vient. Le gouvernement charge alors un scientifique d’étudier la chose. Friedrich Loeffler est un disciple du bactériologiste Robert Koch.
Dans un premier temps, il cherche donc une bactérie. Il constate cependant qu’il s’agit d’un organisme bien plus petit… À l’époque, les virus sont encore méconnus. Avec la fièvre aphteuse, Loeffler sera le tout premier à en identifier un.
Le scientifique a installé son laboratoire dans une ferme de la campagne berlinoise. Mais, très vite, les exploitations voisines sont touchées par la fameuse maladie… Le gouvernement décide alors de mettre un terme à l’expérience : trop contagieuse, trop dangereuse.
De la vache folle au covid-19
Ainsi, Loeffler s’établit à l’abri du monde sur une petite île de la Baltique. En 1910, il y fait construire un labo et des étables. Avec un double objectif : comprendre la fièvre aphteuse et trouver un vaccin. Au fil des ans, d’autres maladies apparaissent : grippe aviaire, vache folle, peste porcine…
Aujourd’hui, les scientifiques de l’île de Riems étudient une centaine de maladies animales. L’humain n’est cependant jamais loin. Prenons l’exemple du covid-19. Ce virus provient probablement de la chauve-souris et a été transmis à l’homme par l’intermédiaire d’un autre animal. Depuis la mi-février 2020, avant même que l’épidémie soit déclarée en Europe, les virologues de Riems travaillent donc sur le covid-19.
Premier objectif au printemps 2020 : étudier les possibilités de transmission du virus à l’homme par les animaux domestiques et les animaux d’élevage. Si chiens, chats, vaches, moutons, cochons… avaient propagé le virus du covid, cela aurait été un problème supplémentaire pour les humains. Les conclusions des chercheurs de Riems ont toutefois rassuré la planète sur ce point.
Des tropiques aux pays nordiques
Les scientifiques de la Baltique ont pourtant d’autres sources d’inquiétude. Car la mondialisation des échanges et le réchauffement climatique aident les virus à se propager. Ainsi le moustique-tigre, qui arrive chez nous depuis les régions tropicales, est porteur de la dengue, du zika, du chikungunya… Tous ces virus sont étudiés à Riems. Dans des labos étanches, par des scientifiques en scaphandre. Parmi les 450 salariés de l’île, seuls une dizaine ont accès aux virus les plus dangereux comme la rage ou ébola. L’île de Riems mérite bien son surnom d’«Alcatraz des virus»…
Cet article est paru dans le Télépro du 13/5/2021
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