Jamais reconnu de son vivant, l’artiste a été propulsé après sa mort au rang de star. S’il est aujourd’hui impossible de ne pas connaître son nom, Van Gogh fut pourtant ignoré par ses contemporains. Décryptage de l’étonnante célébrité post-mortem d’un peintre pas comme les autres.
Sa création prolifique de 870 tableaux et plus de 1.000 dessins, ses lieux de vie en Belgique puis en France, à Arles ou encore à Auvers-sur-Oise, la correspondance avec son frère, sa dispute avec Gauguin et l’oreille qu’il se coupa, la fin de sa vie tourmentée, dépourvu de gloire et d’argent, sa mort par suicide en 1890 à 37 ans…
Nous connaissons tous l’histoire de Van Gogh, dans les grandes lignes. Mais savons-nous pourquoi un peintre méprisé de son vivant nous apparaît aujourd’hui, avec la plus grande évidence, comme un génie ?
Belle-sœur zélée
Un personnage méconnu est essentiel à la gloire actuelle de Van Gogh : sa belle-sœur, Johanna Van Gogh-Bonger. Après la mort de Vincent et celle de son frère Théo, six mois plus tard, la veuve de ce dernier va entreprendre un impressionnant travail de valorisation de l’œuvre créée par le peintre de «La Nuit étoilée».
En véritable pro du marketing avant l’heure, elle va établir un plan d’attaque pour faire connaître les toiles de feu de son beau-frère. «Si j’arrive à vendre deux dessins, l’investissement sera de nouveau consacré à l’œuvre. Il faut encadrer la plus grande quantité possible et donner aux cadres le lustre nécessaire pour qu’ils mettent les couleurs en valeur, comme le conseille Van Gogh dans ses lettres», écrit-elle.
Ce rôle indispensable joué par la jeune femme dans la renommée de l’artiste est une thèse soutenue par le chercheur Wouter van der Veen dans son essai «Le Capital de Van Gogh, ou comment les deux frères Van Gogh ont fait mieux que Warren Buffet».
«S’il existe aujourd’hui un musée Van Gogh et si la renommée du peintre est devenue ce qu’elle est, c’est grâce à elle qui a fait fructifier l’héritage avec un succès inouï, en alternant monétisation et valorisation dans une dynamique vertueuse.»
Ceci est un extrait d’un article paru dans le magazine Télépro le 24 octobre 2019
