Urbexeurs : 
Marco Polo des villes

Deux règles essentielles pour un urbexeur respectueux : ne rien dégrader ni emporter dans les lieux visités © South China Morning Post via Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

L’urbex, contraction des termes anglais «urban exploration» ou exploration urbaine, séduit, chaque année, de plus en plus d’explorateurs citadins. Ce jeudi à 21h, France 4 diffuse le documentaire «Urbex, les explorateurs 
des temps modernes».

Le terme «urbex» est entré dans notre vocabulaire début 2000. Cependant, les origines de cette pratique, qui consiste à visiter des lieux abandonnés, trouvent leur genèse dans le courant des années 1970, lorsque certains sites désindustrialisés attirent les premiers «urbexeurs». La discipline va définitivement être popularisée par les réseaux sociaux, témoins des expéditions de ces explorateurs 2.0. Quelles sont les règles de l’urbex ? Est-ce sans danger et légal ? Réponses.

Passion patrimoine

De vieilles bâtisses en décrépitude, des écoles 
vidées de leurs enfants, des usines sans travailleurs, des hôpitaux sans patients, des parcs d’attractions à l’arrêt ou des quartiers résidentiels sans âme qui vive… Pour beaucoup, imaginer pénétrer ce genre de lieu laissé à l’abandon fait froid dans le dos, pour d’autres, c’est une passion. L’intérêt ? Visiter et donner à voir au public des sites figés dans le temps qui font partie de notre histoire commune, comme le détaille Timothy Hannem, urbexeur et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, sur le site GEO. «J‘ai réalisé l’importance de faire des comptes-rendus complets et respectueux pour quelque part faire perdurer la mémoire de ces lieux qui n’existent parfois nulle part ailleurs et sont voués à disparaître.»

Si la démarche est un bon mélange entre frisson et sauvegarde du patrimoine, est-elle légale ? «Le Code pénal réprime la violation de domicile, c‘est-à-dire l’endroit où une personne détient son intimité, ses effets personnels, sa vie « qui doit rester secrète »», explique-t-on sur la RTBF. Une notion qui disparaît une fois le lieu abandonné. «Si un urbexeur entre sans dégrader ni détruire une clôture et qu’aucune pancarte n’indique qu’il s’agit d’une propriété privée, tout semble indiquer qu’il n’est pas en tort et donc, aucune poursuite pénale ne peut avoir lieu.»

Attention, 
site dangereux

Tout urbexeur qui se respecte applique un code de conduite, il ne s’agit en aucun cas de piller ou vandaliser un endroit sans propriétaire présent pour le défendre. «C’est ambivalent et pourtant : l’activité marginale repose sur la notion de transgression, mais aussi celle du respect. Elle s’appuie sur un code précis : ne rien casser, ne rien détériorer ou prendre», explique le site Meilleurs Agents, spécialisé dans l’immobilier. Et si les personnes aguerries à l’exploration urbaine tentent de suivre des règles, c’est aussi parce que déambuler dans des maisons ou des sites qui n’ont reçu aucun entretien depuis longtemps n’est pas sans risques. Ces dernières années, les décès de jeunes «urbexeurs» peu expérimentés ont émaillé les faits divers. Des principes de sécurité existent néanmoins pour éviter de se mettre en danger : ne jamais explorer un lieu seul, pour que quelqu‘un puisse donner l‘alerte en cas de problème, et toujours indiquer à l’un de ses proches où l’on se rend.

Urbex à la belge

Et chez nous, de tels lieux sont-ils prisés par les urbexeurs ? Sans aucun doute ! À commencer par notre bassin carolo avec sa ligne de métro abandonnée, sa tour de refroidissement, le Charbonnage n°10 du Gouffre ou la piscine de Solvay. Mais le Pays Noir n’est pas le seul à plaire aux explorateurs urbains, notre pays regorge de spots fascinants. Si les urbexeurs ne dévoilent normalement pas les adresses de leurs pépites préférées, des sites abandonnés sont connus du grand public, entre autres : le fort de la Chartreuse à Liège, le monastère Antoinette à Amay, la ville semi-
fantôme de Doel ou Salve Mater, un ancien hôpital psychiatrique entre Louvain et Tirlemont.

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