Une longue histoire, entre chien et nous

Plus que des animaux de compagnie, de véritables amis ! © Isopix

Entre le chien et l’homme, l’histoire d’amour dure depuis 15.000 ans. Ce samedi à 22h25, Arte diffuse le documentaire «Comment le chien a conquis le monde».

Un cri profond, guttural, puissant retenti : «Yotaaaa» ! Silence. Entre plainte et rage, il reprend : «Yotaaaa ! Iciii ! Aux pieeeds !». Pas de doute : de tous ceux, humains et animaux, présents sur le terrain aménagé, c’est ce petit monsieur bedonnant au visage rubicond qui aboie le plus fort.

Comme chaque dimanche, il est arrivé au milieu de la matinée avec une poignée d’autres maîtres et maîtresses, traînant leurs compagnons à quatre pattes ou traînés par ceux-ci, tout empressés d’aller renifler le popotin de leurs congénères. Yota, splendide femelle Briard, préférerait au dressage une divine idylle avec Tarzan, le berger allemand… D’où le différend qui semble les opposer, elle et le petit homme vociférant. «Yotaaa !». Ah, si seulement leurs ancêtres, à elle et à son maître, les voyaient…

Le plus ancien ami de l’homme

Le chien est-il vraiment le meilleur ami de l’homme ? Il est en tout cas le premier animal qu’il ait domestiqué. Bien avant le cheval ou le cochon. Plus exactement, c’est le loup que l’homo sapiens apprivoise il y a plus de quinze mille ans. Selon divers scénarios. Celui des loups qui s’approchent des campements pour manger les restes de nourriture et qui, en échange, donnent l’alarme en cas de danger. Ou celui des louveteaux adoptés par le groupe devenant ainsi leur meute, aux règles de laquelle ils se soumettent…

Une alliance qui fait des miracles à la chasse. Et qui permet «aux chasseurs-cueilleurs d’Afrique, par exemple, de ramener trois fois plus de gibier», comme l’indique le magazine Science et vie. Comment le loup devient-il un chien ? Ici encore, plusieurs pistes existent.

Modifications génétiques

Dans un premier temps, l’homme aurait sélectionné les loups les plus dociles. L’alimentation de ceux-ci s’enrichit. Selon une étude suédoise répercutée notamment par France Nature Environnement, ce changement d’alimentation aurait influencé «trois gènes impliqués dans la digestion» avec un impact sur les fonctions cérébrales et le développement du système nerveux. «Ces modifications expliqueraient les différences de comportement entre le loup et le chien» qui, par ailleurs, ont 99,9 % d’ADN en commun.

Quant à savoir où le chien est apparu, les théories s’opposent. Pour certains, c’est en Europe, pour d’autres en Asie. Pour d’autres encore, dont les travaux ont été publiés dans la revue Nature, les quatre cents races répertoriées actuellement seraient toutes issues d’un unique groupe de loups qui aurait suivi les migrations humaines et des deux «branches» de chiens qui en ont résulté : l’une asiatique, l’autre européenne et africaine.

D’Anubis à Milou

Depuis la préhistoire, la proximité de l’homme et du chien se présente sous différentes formes. Dans l’Antiquité, le dieu égyptien Anubis, gardien des morts, est représenté par un chien. Dans la mythologie grecque, c’est le célèbre Cerbère, un chien à trois têtes, qui surveille l’entrée des enfers.

Chien embaumé et enterré avec son maître, gardien de troupeau, animal de trait, de garde ou de compagnie, chien de combat, chien sacrifié, mangé aussi… : depuis des millénaires, l’homme lui fait jouer tous les rôles jusqu’à celui du facétieux Milou, du surdoué Rex chien flic ou du débonnaire Beethoven.

Une étrange alchimie semble les unir. «Une simple histoire d’hormones et de montée d’ocytocine, l’hormone de l’amour, quand ils se regardent», selon une étude japonaise publiée dans la revue américaine Science…

«Yotaaaa ! Iciii ! Aux pieeeds !». Ah. Je l’avais oublié celui-là. 

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 10/12/2020

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