Un météore aurait-il juste achevé des dinos déjà K.O. ?

Image extraite du documentaire «Le Dernier jour des dinosaures» © France 5/BBC

Nombre de scientifiques se sont accordés à attribuer l’extinction des dinosaures à la chute d’une météorite. Ce pourrait n’être que partiellement exact… Ce jeudi à 21h, France 5 diffuse le documentaire «Le Dernier jour des dinosaures».

Comment une seule météorite aurait-elle pu mettre fin au règne des dinosaures, au temps du Crétacé supérieur, il y a 66 millions d’années ? La récente découverte du paléontologue Robert DePalma, de l’université de Manchester, le site fossilisé de «Hell Creek», rebaptisé «Tanis», dans le Dakota du Nord, change la donne.

Déjà des soucis de climat

La mort des dinosaures aurait été plus progressive que soudaine. Si l’astéroïde a sonné le glas des monstres, ils déclinaient apparemment déjà il y a 76 millions d’années, sous l’effet de deux autres facteurs, moins fulgurants : un climat perturbé et la fin de la lignée des herbivores (Hadrosaures), «espèces clés» essentielles aux écosystèmes. Quand les dinos étaient sur Terre, celle-ci était une serre chaude et stable. Mais au milieu du Crétacé, le climat s’est refroidi. Dans la région du Dekkan (actuelle Inde), un volcanisme aurait changé l’atmosphère : des kilomètres cubes libérant du dioxyde de carbone et du soufre. Si ce sujet reste ouvert pour les spécialistes, l’extinction des dinosaures pourrait être attribuée en partie aux changements climatiques et alimentaires engendrés.

Disparition des espèces

La planète serait devenue plus chaude avant l’impact de la météorite, mais ce serait refroidie après la collision avec elle. Ce choc énorme aurait projeté vingt-cinq milliards de tonnes de débris dans l’atmosphère. Au fur et à mesure que la Terre a tourné, ceux-ci auraient convergé jusqu’à l’opposé de la planète. Cendres et suie auraient empêché la lumière du soleil d’atteindre la surface de la planète, stoppant la photosynthèse, tuant la majeure partie de la vie végétale, supprimant le phytoplancton des océans et faisant chuter la quantité d’oxygène dans l’air. La planète aurait été plongée dans une période de gel profond, les dinosaures n’ayant alors pas pu maintenir une température corporelle constante. Parmi les espèces touchées par la crise climatique figureraient aussi certains de leurs descendants : les oiseaux. Quant aux deux chaînes alimentaires essentielles, en mer et sur terre, elles auraient été dévastées et 75 % de toutes les espèces auraient disparu. À ce moment, le Crétacé se serait terminé et la période du Paléogène aurait commencé.

Vifs et passionnants débats

Si ces hypothèses semblent plausibles, les découvertes de Robert DePalma sur le site de Tanis remettent toutefois en doute l’idée selon laquelle les dinos n’étaient peut-être pas en déclin sur tout le globe, avant l’arrivée de la météorite ! Durant ses fouilles, il dit avoir identifié des dents et os cassés, mais également des restes de nouveau-nés de presque tous les groupes de dinosaures. DePalma a trouvé, intact, un œuf non éclos contenant un embryon. L’œuf et les autres restes suggéreraient donc que les dinosaures – et les reptiles d’alors – n’étaient pas tous en voie d’extinction le jour fatidique de l’impact. Cette découverte majeure stupéfie les spécialistes. Les plus sceptiques soulignent le manque de transparence de DePalma et son goût pour la mise en scène. Mais pour tous, ses théories sont intrigantes. Voilà qui laisse augurer de passionnants débats. En effet, selon Walter Alvarez, qui avait trouvé avec son père, le physicien nucléaire Luis Alvarez, des restes poussiéreux d’impact de météorite dans les années 1980, «aucun site paléontologique semblable à Tanis n’a jamais été trouvé et, si l’hypothèse de DePalma s’avère correcte, la valeur scientifique du site sera immense !»

Cet article est paru dans le Télépro du 28/4/2022

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