Ulama : jouer au ballon avec les dieux

Dans sa version précolombienne, le jeu s’arrêtait dès qu‘un joueur arrivait - ce qui était rare - à envoyer la balle dans un anneau fixé sur le mur de l’adversaire. Un peu comme au Quidditch… © AFP via Getty Images

Pratiqué dans l’Amérique précolombienne il y a quatre millénaires, disparu depuis cinq cents ans, le jeu de balle, ou ulama, revient à la mode ! Ce samedi à 17h50, Arte diffuse le documentaire «Mexique – Ulama, le jeu des dieux».

Ancêtre du football, l’ulama a connu son apogée chez les Mayas, au Mexique. La grande différence avec le foot, c’est qu’il se pratique avec les hanches ! L’ulama était pratiqué notamment par les Aztèques et les Mayas. Intrinsèquement lié à la religion et à la politique, puisque l’enjeu était de s’assurer la victoire dans les guerres en gagnant la faveur des dieux, il fut interdit par les conquistadors espagnols. Mais il a survécu dans certains villages du Mexique, dans l’État du Sinaloa.

Renaissance

Dans son documentaire, le réalisateur J. Michael Schumacher suit José Lizárraga : il enseigne l’ulama, entraîne plusieurs équipes du Sinaloa et organise des tournois dans tout le pays. C’est dans son village que va se dérouler le championnat avec huit équipes masculines, quatre équipes féminines et deux équipes juniors, issues de plusieurs États du Mexique. L’une d’elles vient même de Californie.

«Autrefois, c’était un rituel destiné à honorer les dieux de la fertilité dans l’espoir d’avoir une bonne récolte. Aujourd’hui, c’est surtout un loisir. Il faut frapper la balle en caoutchouc avec la hanche, travailler les déplacements. Il faut être rapide, réactif», explique José.

Les deux équipes sont constituées de cinq joueurs chacune. Il n’y a pas de but. Le fond du terrain est délimité par une ligne. L’une des façons les plus simples de marquer des points, c’est que la balle traverse cette ligne en franchissant tout le camp adverse. Si un joueur touche la balle avec le ventre, le pied ou la main, il fait perdre un point à son équipe. Idem s’il touche la balle avant qu’elle ne rejoigne le camp adverse. Les joueurs portent des protections en cuir : une large ceinture sur les hanches et une seconde protection pour l’entrejambe. La balle pèse tout de même 4 kg…

Danses et rituels

Cette joute sportive multiséculaire est aussi dans l’ADN de la famille de César, dans un village voisin : «Je joue à l’ulama parce que c’est le jeu de nos ancêtres, et parce que j’ai ce jeu dans le sang, et dans le cœur.» Des danses cérémoniales reproduisent les rituels aztèques, invoquent les dieux et les esprits, pour qu’ils protègent les joueurs et favorisent la victoire.

«Avant, nous étions une quinzaine de joueurs à Sinaloa. Maintenant, il y a plus de mille joueurs répartis dans tout le Mexique», se réjouit José qui fabrique artisanalement une nouvelle balle avec de l’eau, du latex, le suc laiteux de l’hévéa. Il obtient du caoutchouc en versant le latex dans l’eau chaude et en ajoutant un coagulant, forme une petite boule qu’il fait grossir au fur et à mesure qu’il ajoute du caoutchouc. Une forme qui symbolise le soleil, rappel de la culture maya…

Cet article est paru dans le Télépro du 10/10/2024

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