U-Boots : torpille en approche !

Selon le traité de Versailles (1919), l’Allemagne ne pouvait plus disposer de sous-marins, si redoutables durant la Première Guerre. Mais les nazis ont eu tôt fait de reconstituer clandestinement une flotte… © ullstein bild via Getty Images

Les sous-marins nazis U-Boots ont semé la terreur et la mort pendant la Seconde Guerre mondiale. La Trois leur consacre un « Retour aux sources » samedi à 20h35.

« La seule chose qui m’ait vraiment effrayé au cours de la guerre, ce fut la menace des sous-marins. » Dans ses «Mémoires», Winston Churchill, Premier ministre du Royaume-Uni de mai 1940 à juillet 1945, met en lumière l’importance du rôle des fameux U-Boots nazis. Pour l’accentuer encore, il insiste : « Nos lignes d’approvisionnement vitales se trouvaient en péril. Cette bataille m’inquiétait davantage encore que le glorieux affrontement aérien qu’avait été la bataille d’Angleterre. » Le « Bulldog » avait retenu la leçon. Dans le premier conflit mondial déjà, les sous-marins allemands avaient prouvé leur funeste efficacité.

Menace sous les mers

Juin 1919. À Versailles, l’Allemagne vaincue s’apprête à subir la loi des vainqueurs. Pour empêcher toute nouvelle guerre en Europe, les Alliés lui imposent des conditions particulièrement dures. Signé dans la galerie des Glaces du château, le traité interdit notamment à l’Allemagne de concevoir, construire ou posséder des sous-marins. Ceux-ci sont considérés par des historiens comme « la grande surprise tactique de la Grande Guerre ». Dès 1914, la marine impériale décide en effet de tabler sur ses Unterseebooten. Pour contrer le blocus des Britanniques qui paralyse les ports allemands, ces sous-marins s’attaquent avec leurs torpilles, mines et canons aux convois maritimes alliés. L’une de ces attaques marque les esprits. Torpillé par un U-Boot, le paquebot américain Lusitania sombre le 7 mai 1915. 1.198 personnes perdent la vie. Quatre ans plus tard, à Versailles, pas question pour les Alliés de laisser entre les mains allemandes une arme qui leur a fait perdre des centaines de navires et des milliers de vies humaines. Et pourtant…

Le retour des prédateurs sous-marins

En plus de l’interdiction, les Alliés saisissent également les submersibles. Par contre, les plans ne font pas partie du deal. « Le développement des sous-marins se poursuit dans la clandestinité », indique sur son site le musée français « Sous-marin Flore ». De nouvelles générations d’U-Boots voient le jour. En 1935, un traité conclu entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne autorise celle-ci à disposer d’une flotte de submersibles équivalente à la flotte britannique. À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, les nouveaux modèles nazis présentent des caractéristiques uniques. Grâce à leurs moteurs diesel, ils peuvent parcourir de plus grandes distances. Leur double coque les rend plus résistants face à l’ennemi, mais aussi capables de plonger plus profondément. Leur armement est amélioré tout comme leurs possibilités de voir ce qui se passe à l’extérieur. Le 3 septembre 1939, l’Allemagne déclare la guerre à la Grande-Bretagne. Le jour-même, un U-30 coule le paquebot britannique SS Athenia. Il est la première victime d’une longue série.

Au large de la Floride

Peu nombreux au début du conflit (57), les U-Boots font très vite des ravages. Commandés par le grand-amiral Karl Dönitz, un as de la Première Guerre, ils chassent en « meute de loups », s’attaquent en groupe aux convois. La période allant de l’été 1940 à la fin du printemps 1942 est souvent appelée « la période dorée » des U-Boots. « En 1942, les 300 U-Boots dont dispose la marine de guerre nazie coulent plus de 2 millions de tonnes de marchandises », explique la chaîne YouTube « Légendes navales ». Certains croisent le long des côtes américaines. « Je suis allé à Miami Beach, très proche de la côte», confie dans une interview le commandant Erich Cremer. «Je pouvais voir les phares des autos. »

Mais, dès 1943, le vent tourne. Les États-Unis fournissent aux Alliés des navires anti-sous-marins plus nombreux et mieux équipés. C’est le chant du cygne pour le cheval de bataille de la Kriegsmarine. L’image chevaleresque des sous-mariniers allemands ne tient pas longtemps à flot face au funeste bilan que leur histoire entraîne dans son sillage. Sur 40.000 hommes qui ont servi sur ces submersibles (863 sous-marins opérationnels), 29.000 ont disparu en mer. Les U-Boots ont été responsables de la mort de près de 72.000 marins parmi les Alliés.

Cet article est paru dans le Télépro du 13/3/2025

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