Transatlantiques : ces bateaux pas que beaux…
Le Titanic, le Normandie, le Queen Mary… Ces monstres des mers, vaisseaux de l’évasion transatlantique de masse, sont entrés dans la légende.
La traversée de l’Atlantique a longtemps été un défi. Pendant des siècles, ce fut l’apanage des voiliers, sur lesquels marchandises et passagers étaient soumis aux aléas des vents.
Puis sont apparus les paquebots… Dès la moitié du XIXe siècle et jusqu’à l’arrivée des avions de ligne, ils ont transporté des milliers de gens entre la vieille Europe et le Nouveau Monde.
Ce samedi à 20h50, Arte consacre sa soirée à cette époque héroïque de la navigation transatlantique de masse, avec le documentaire en deux parties «Transatlantiques».
La révolution de la vapeur
Tout commence avec la révolution industrielle. En 1843, les chantiers navals de Bristol, en Angleterre, mettent à l’eau un bateau d’un genre nouveau : il est doté d’une coque en fer, d’un moteur à vapeur et d’une propulsion à hélice. Lors de son voyage inaugural, seuls une cinquantaine de passagers osent monter à bord de ce drôle d’engin. Mais il met à peine deux semaines à traverser l’Atlantique… alors que les bateaux à voile mettaient jusque-là deux à trois mois ! De quoi susciter un engouement, qui va durer près d’un siècle.
Émigrants, marchands, touristes, poètes… Ils sont chaque année des centaines de milliers à arriver dans le port de New York. Les compagnies se multiplient. Les Anglais fondent la Cunard et la White Star Line. Les Allemands créent la Hamburg America Line (Hapag). En Belgique, on quitte le port d’Anvers à bord des bateaux de la Red Star Line. Tous rivalisent de vitesse. À la fin du XIXe siècle, on peut traverser l’Atlantique en cinq jours.
Luxe, élégance, gastronomie
Le naufrage du Titanic (en 1912) et la Première Guerre mondiale vont mettre fin à cette course effrénée. En 1915, l’un des fleurons de la Cunard, le Lusitania, est torpillé par un sous-marin allemand. Outre ses passagers, il transportait des munitions pour la Royal Navy.
Le jumeau du Titanic, le Britannic, a aussi été réquisitionné par l’armée anglaise, qui l’a transformé en navire-hôpital. En 1916, il sombre en mer Égée après avoir heurté une mine allemande. Rien ne sera plus jamais comme avant. D’autant qu’après la guerre, l’Amérique restreint l’accueil des migrants.
Les compagnies maritimes se reconvertissent en visant une clientèle haut de gamme. Dans ce créneau, les Français vont s’imposer, mettant en avant confort et gastronomie. Dans les années 1920, la Compagnie générale transatlantique lance le chantier du Normandie. Mis en service en 1935, il relie Le Havre à New York en 4 jours, 3 heures et 2 minutes. Mais l’événement est ailleurs : ce paquebot est le plus luxueux jamais construit, un chef-d’œuvre d’élégance Art déco.
Ne m’appelez plus jamais France
En 1939, quand éclate la Seconde Guerre mondiale, le Normandie est mis à l’abri dans le port de New York. Mais dès que les USA entrent en guerre, ils réquisitionnent le bateau pour le transformer en transporteur de troupes. Un incendie éclate lors des travaux d’aménagement. Les pompiers l’éteignent à grand renfort d’eau. Et le Normandie finit par couler dans le port de Manhattan !
Après-guerre, la France construira le paquebot France. Une aberration économique alors que l’aviation est en plein boom. Lancé en 1962, abandonné en 1974, le France signe la fin de l’épopée transatlantique…
Cet article est paru dans le Télépro du 21/1/2021
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