Trafic d’ivoire : le juteux commerce de l’or blanc
Le commerce illégal d’ivoire est le troisième trafic le plus rentable au monde, après les stupéfiants et les armes.
Les investisseurs chinois l’ont baptisé «l’or blanc». Sculpteurs et collectionneurs préfèrent l’appeler «pierre précieuse organique». Et les contrebandiers utilisent une expression bien plus effrayante pour qualifier les défenses, récemment prélevées sur des éléphants d’Afrique : «les dents sanglantes» ! Le commerce illégal d’ivoire est alimenté par une forte demande en Asie et au Moyen-Orient, où les défenses sont utilisées en médecine traditionnelle et ornementation.
Ce lundi 30 septembre à 21.05, La Trois diffuse un film saisissant sur le commerce de l’ivoire. «Quand les agneaux deviennent lions» raconte le quotidien de deux cousins dans le nord du Kenya. L’un est revendeur d’ivoire, l’autre est garde forestier et se bat contre ce que certains qualifient «d’holocauste des éléphants».
Ces dernières années, les populations d’éléphants ont fortement décliné. «Et chaque jour ce sont encore 55 éléphants qui sont tués», s’alarme un ranger africain. La demande asiatique représente environ 200 tonnes d’ivoire brut par an, ce qui équivaut à peu près à ôter la vie à 20.000 éléphants. Un kilo d’ivoire s’échangerait à plus de 1.100 euros sur le marché noir ! Pour les défenseurs de l’environnement, la seule façon de sauver l’éléphant d’Afrique est d’interdire totalement la vente d’ivoire. Ce que recommande le Parlement européen depuis mars 2017.
En Europe, le commerce de l’ivoire n’est, à l’heure actuelle, pas totalement banni. L’ivoire datant d’avant 1947 peut être échangé librement, celui d’entre 1947 à 1990 ne peut être vendu qu’avec un permis étatique et, enfin, celui d’après 1990 ne peut en aucune façon faire l’objet d’un marché. À cause de cette législation, l’Europe reste un grand exportateur d’ivoire, celui d’avant 1947. L’exportation de l’ivoire légal européen stimule la demande en Asie et constitue souvent une couverture pour le commerce illégal.
Les croyances ont la vie dure
L’ivoire est profondément ancré dans l’identité chinoise. Une croyance populaire parle d’empereurs qui étaient convaincus que les baguettes en ivoire avaient la capacité de changer de couleur au contact de nourriture empoisonnée. Dans la médecine chinoise, la poudre d’ivoire est réputée pour éliminer les toxines de l’organisme. Il n’y a pas que l’ivoire, il y a aussi les cornes de rhinocéros, les os de tigre… La Chine a pourtant interdit le commerce de l’ivoire depuis le 1er janvier 2018. Mais selon les défenseurs de la nature, cette mesure ne s’avérera efficace que si les autorités se donnent les moyens de la mettre en œuvre. Car l’interdiction a dopé le marché noir.
Selon l’IFAW, le Fonds international pour la protection des animaux, «pour assurer à long terme la survie des éléphants, il faut réussir à jouer sur deux leviers : réduire la demande en Asie et améliorer les moyens de subsistance des personnes vivant avec des éléphants en Afrique.»
Bibelots et souvenirs de vacances
Vous avez peut-être chez vous des statuettes, des bijoux ou encore des couverts en ivoire. Sachez que leur revente est strictement encadrée par la loi. En Belgique, la vente et l’achat d’ivoire sont autorisés à la seule condition d’avoir un certificat CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Pour l’obtenir, il faut pouvoir prouver que l’ivoire date d’avant 1984 ou a été importé avant 1990 avec un permis. Pas toujours évident.
Et en vacances, méfiez-vous des objets fabriqués à partir d’animaux et de végétaux. Ils sont parfois réalisés avec des plantes et des animaux protégés. Une touriste espagnole a été arrêtée cet été à l’aéroport de Nairobi (Kenya) parce qu’elle portait un bracelet en ivoire de vingt-cinq grammes. Peine encourue ? Douze mois de prison ou une amende de 8.700 euros pour possession illégale d’ivoire.
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