«Tout s’explique» (RTL-TVI) : les méfaits du tourisme de masse
Le tourisme de masse menace des lieux uniques sur Terre. Quand montrer qu’on y est allé importe plus que d’y avoir été, la curiosité n’est plus que vanité… et la planète mise en danger.
La population mondiale, d’environ 7,8 milliards d’individus, ne cesse d’augmenter avec toujours plus de gens voyageant pour la première fois. Les Nations Unies prévoient un tourisme international dépassant 1,8 milliard de personnes d’ici 2030, avec de lourdes conséquences pour la qualité de vie et l’environnement. Maria Del Rio fait le tour de la question et du globe.
Le syndrome FOMO
Une des causes du «surtourisme» serait le phénomène FOMO (pour «Fear of Missing Out»), ou la peur terrible de rater un lieu «à visiter» («a place to be») poussant à s’y rendre juste pour (s’y) photographier et poster fissa les clichés sur les réseaux sociaux ! Pour contrer ce syndrome, le maire de Bergün (Suisse) a interdit aux visiteurs de mitrailler les paysages locaux. Pareil à Gion, quartier historique de Kyoto (Japon) où les touristes éphémères couraient derrière les geishas, appareil à la main. Au Mexique, la Casa Azul, maison de feue l’artiste Frida Kahlo, et la Casa Barragán, de feu l’architecte Luis Barragán, facturent un surcoût aux photographes amateurs et n’autorisent que les clichés à usage personnel, sans publication. Quant au voyagiste Wild Frontiers (aux destinations d’exception), il impose des appareils à pellicule : «À la place du numérique, l’argentique oblige à faire des choix, à regarder de plus près et à chérir ce que l’on voit au lieu d’amasser des « likes » !» Enfin, nombre de restos et bars d’hôtels américains diminuent leur éclairage intérieur pour décourager les selfies !
Tourisme responsable et réfléchi
Quand Elizabeth Becker, journaliste américaine, a évoqué le tourisme de masse dans un livre («Overbooked : The Exploding Business of Travel and Tourism») en 2013, peu de gens s’en sont soucié. Désormais, ses conseils sont écoutés. Selon elle, pour sauver les lieux touristiques de «l’étranglement» et de la pollution, il faut être moins irréfléchis ! «La moitié des raisons pour lesquelles les gens voyagent est qu’ils ont des projets superficiels», dit-elle. «La question est : veut-on vraiment voir un endroit ou montrer aux autres qu’on y est allé ? Si vous n’aimez pas les musées, n’envahissez pas le Louvre sans avoir la moindre idée de ce que vous souhaitez réellement. Faites plus que lire un paragraphe dans un guide ou imiter des amis sur Facebook pour vous parachuter dans un lieu et obtenir le même selfie qu’eux ! Documentez-vous, soyez curieux et respectueux de la destination. Ne soyez pas victime de la « culture du selfie » ou de la « culture de la liste de souhaits » !»
Moutons suiveurs
Pourquoi l’humain a-t-il tendance à vouloir suivre une foule dense et s’y fondre, même si c’est désagréable ? Selon les psychologues, cela remonte aux temps où les premiers hommes qui formaient des groupes et prenaient des décisions basées sur le comportement de la majorité, étaient plus susceptibles de survivre. Cela s’est ancré dans notre inconscient. Auteur d’«Influence et Persuasion», le psychologue Robert Cialdini note : «Aujourd’hui, suivre la foule nous permet de fonctionner dans un environnement compliqué. Beaucoup d’entre nous n’ont pas le temps d’approfondir leurs décisions et utilisent celles d’autrui comme raccourci». Ce qui induirait parfois le choix du tourisme de masse au lieu de sortir des sentiers battus et aller admirer des endroits moins fréquentés…
Pour découvrir la suite de cet article, rendez-vous dans le magazine Télépro du 20 août 2020.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici