Tapir, dans l’ombre des forêts…
Cet animal menacé pourrait sauver les forêts de la destruction grâce à ses… excréments. Ce samedi à 17h40, Arte propose un documentaire intitulé «Le tapir, jardinier des forêts tropicales» dans la case «Géo reportage».
En voilà une étrange créature ! Sorte de croisement entre un porc sauvage et un éléphant, le tapir est pourtant plus proche du cheval et du rhinocéros avec lesquels il partage un ancêtre commun. Il en existe cinq espèces, dont quatre réparties en Amérique du Sud et une en Asie. Toutes jouent un rôle déterminant dans l’équilibre de notre écosystème.
Au Brésil, on le surnomme même «le jardinier des forêts». La raison ? En se nourrissant de végétaux, ce gros herbivore contribue à disperser les graines qu’il a consommées par le biais de ses… fientes. Favorisant ainsi, à son insu, le reboisement des forêts. «Une aubaine !», pensent les scientifiques qui, en atteste le documentaire d’Arte samedi, luttent pour la protection de ce mammifère.
Qui ingère digère…
Lorsque planter des arbres pour parer au fléau de la déforestation ne suffit plus, les scientifiques misent sur la faune. Le tapir a des arguments convaincants : il ingère plus de trois cents espèces végétales différentes, à raison de 30 à 40 kg par jour ! Autant dire qu’il passe son temps à manger et «éliminer»…
Lucas Paolucci, chercheur à l’université fédérale de Viçosa, au Brésil, a mené une récente expérience avec son équipe de biologistes. D’après ses conclusions, «les tapirs semblent apprécier tout particulièrement les zones brûlées et abîmées. Ils y «déposent» trois fois plus de graines par hectare que dans les zones de forêt vierge». Pourquoi ? Parce qu’ils préfèrent se délecter des jeunes pousses. Et d’ajouter : «99 % des graines isolées dans les excréments des tapirs ont réussi à s’en sortir «indemnes». Ce qui signifie qu’elles ont le potentiel de germer.»
Héros à protéger
Une ébauche d’espoir… Mais les tapirs ne peuvent pas reboiser toute l’Amazonie à eux seuls. D’autant qu’ils sont, hélas, menacés d’extinction. La Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) les classe en catégorie «vulnérable» ou «en danger», selon l’espèce.
En cause : non pas le jaguar, leur principal prédateur, mais la chasse, la déforestation et l’assèchement des zones humides dû au réchauffement climatique. Soucieux de cette problématique, le zoo d’Anvers annonçait, le 4 décembre 2021, la naissance d’un petit tapir noir de Malaisie, après une gestation longue… de treize mois !
Symbolique
Nocturne et solitaire, le tapir a la faculté de s’évanouir brusquement dans les fourrés les plus épais. Ce comportement aux allures fantomatiques a donné lieu à de nombreuses légendes. Dans la culture asiatique, le tapir chasserait les cauchemars et pourrait même les transformer en chance. Dans les mangas, le baku japonais, créature fantastique dévoreuse de songes, revêt d’ailleurs les traits d’un tapir.
Cet article est paru dans le Télépro du 20/1/2022
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