Syrie : des merveilles réduites au virtuel
En près de dix ans, le conflit syrien a causé la mort de centaines de milliers de personnes et poussé à l’exil quelque 12 millions de réfugiés civils. Plus que la Belgique entière… Ce mardi à 20h50, Arte fait le point avec le documentaire «Syrie : les dessous du conflit».
Le bilan du drame humain qui se joue en Syrie depuis presque une décennie est catastrophique : plus de 500.000 morts. Aux pertes humaines s’ajoute la destruction de l’une des plus vieilles villes du monde, Alep.
Dix ans de massacres
En mars 2011, le Printemps arabe soulève les populations et les contestations grondent à divers niveaux d’intensité dans de nombreux pays du monde arabe. En Syrie, la protestation se fait entendre sous forme de manifestations pacifiques. Elles sont durement réprimées par le président, Bachar al-Assad, à la tête du pays depuis 2000 et successeur d’Hafez… al-Assad.
Très vite, l’opposition au régime en place se mue en rébellion armée, la guerre civile est inévitable. L’Armée syrienne libre est créée et obtient le soutien de l’Occident. Quant à Assad, il a la Russie et l’Iran de son côté. «Le 21 août 2013, une attaque chimique, imputée au régime dans deux zones rebelles près de Damas, fait plus de 1.400 morts selon Washington», détaille le Figaro. «Le régime dément. Barack Obama renonce au dernier moment à des frappes punitives, scellant avec Moscou un accord de démantèlement de l’arsenal chimique syrien.»
Pourtant, d’autres frappes chimiques, notamment au gaz sarin, viendront encore alourdir le funeste bilan. À tout cela s’ajoute la problématique de l’État islamique (EI) ou Daesh, qui, en 2014, proclame un califat devant s’étendre d’Alep (nord de la Syrie) à Diyala (est de l’Irak). Ce nouvel ennemi complexifie les rapports de forces et le cessez-le-feu contre le régime d’Assad est proclamé par Washington afin de concentrer les frappes sur l’EI. Aujourd’hui, le régime de Bachar contrôle 70 % de ce territoire morcelé et meurtri.
Joyaux historiques détruits
Dans une telle guerre, le nombre de tués, de blessés et d’exilés est ce qui effraye d’emblée. Mais, au second plan, il y a une victime collatérale : le patrimoine historique de l’Humanité. Depuis le début du conflit, les bombardements ne cessent d’anéantir des monuments culturels inestimables.
Le symbole de cette destruction est la ville d’Alep, l’une des plus vieilles cités habitées de la planète. Autrefois nommée Halab, des traces d’occupation humaine datant de 5.000 av. J.-C. y ont été retrouvées selon l’Unesco. De 2012 à 2016, la ville est coupée en deux : le régime occupe l’ouest, les rebelles l’est. Durant quatre ans, la deuxième ville du pays est abondamment bombardée et devient le théâtre de la «Bataille d’Alep», la plus sanglante du conflit, faisant plus de 20.000 morts côté civil.
Mais avant la folie meurtrière, Alep était autre chose qu’une boucherie à ciel ouvert. C’était surtout la ville la plus peuplée du pays après sa capitale Damas, un bastion industriel, une capitale économique (dont 40 % des habitants étaient âgés de moins de 15 ans) et un joyau historique avec son vieux quartier classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1986. La vieille ville d’Alep était un témoignage grandeur nature des différentes dominations qu’elle a connues : Mongols, Mamelouks, Hittites, Arabes ou encore Ottomans.
Après quatre ans de conflit ce testament de pierres est anéanti. La citadelle médiévale, l’un des plus vieux châteaux du monde, la grande mosquée d’Alep ou encore le souk Al-Madina, plus grand marché couvert au monde, tous ces édifices inestimables ont été défigurés par la guerre.
Sauveur de mémoire
Alep n’est pas la seule à voir son décor millénaire voler en éclats. Palmyre (Syrie), Tombouctou (Mali), Mossoul (Irak) ou Bâmiyân (Afghanistan)… nombreuses sont les villes aux splendeurs historiques subissant le même sort. Heureusement, certains ont décidé de ne pas laisser notre mémoire devenir ruines.
À l’instar de la fondation Aliph qui apporte une aide financière pour protéger le patrimoine culturel dans les zones en conflit et post-conflit, ou lors de catastrophes comme l’explosion de Beyrouth en août. Pour soutenir leurs missions, rendez-vous sur aliph-foundation. org.
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