Sushis, frites, couscous : vos plats préférés décryptés

La frite, l’aliment réconfortant par excellence ! © Getty Images

Pour sa rentrée sur RTL tvi ce jeudi à 19h50, le magazine «Tout s’explique» s’intéresse de près aux plats préférés des Belges : les frites bien sûr, mais aussi le couscous et les sushis, qui ont su conquérir nos papilles !

Historien de l’alimentation et collaborateur scientifique de l’Université de Liège, Pierre Leclercq a publié plusieurs recherches sur l’histoire de la gastronomie, de la Préhistoire à nos jours. Il nous éclaire sur le succès fulgurant de ces mets qui se sont imposés sur nos tables.

Pourquoi les frites ont-elles connu un tel succès en Belgique ?

Quatre qualités expliquent le succès de la frite au XIXe siècle. C’est un aliment bon marché. Elle est servie bien chaude car elle sort de la friture, ce qui aide à lutter contre le froid de la rue. C’est un aliment gras, ce qui était une qualité à l’époque : la graisse était rare et chère. Enfin, la frite est croustillante et le croustillant était une sensation gastronomique réservée aux classes sociales supérieures ! Le succès de la frite vient également du «fritkot», qui devient un lieu emblématique de la foire ou du quartier, un lieu social de rencontre.

Et le couscous ?

C’est un phénomène culturel français qui s’est étendu à la Belgique, renforcé par un phénomène migratoire. Il faut remonter à la guerre d’Algérie et aux colons français qui ont, sur place, adopté le couscous dans leurs habitudes alimentaires. Lors de la décolonisation, un million de pieds-noirs sont revenus d’Algérie, ce qui a eu une incidence sur la Métropole. C’est en 1962 que l’on voit apparaître les premiers couscous en boîte dans les magasins français. Le raz de marée viendra plus tard…

Comment expliquer ce succès ?

Le couscous répondait au changement de mode de vie prôné dans les années 1970. C’est l’époque où l’on promeut les plats uniques, plus faciles à préparer, plus rapides, qui nécessitent moins de vaisselle et facilitent le travail des femmes car à l’époque, ce sont encore les femmes qui cuisinent. Parallèlement, l’exotisme se démocratise et le couscous fait partie de ces plats exotiques qui deviennent en vogue. Il entre dans nos habitudes alimentaires, qu’il soit en boîte ou fait maison, comme plat du dimanche, et la couscoussière apparaît dans toutes les quincailleries. 

Et pour les sushis ? On ne peut pas dire qu’il y ait une grande communauté de Japonais en Belgique…

Pour moi, les sushis représentent la dernière vague des plats exotiques, la plus récente. Ils ne correspondent pas à un phénomène migratoire comme la vague chinoise ou vietnamienne, ni à la démocratisation du tourisme. Nous sommes face à une exception ! Je pense que l’origine de ce succès est à chercher du côté des médias, qui ont lancé la mode de la culture japonaise. Car trois facteurs expliquent l’évolution de l’alimentation : les vagues migratoires, le tourisme et les médias.

Il existe maintenant des kits pour réaliser ses sushis à la maison. Pourquoi cet engouement soudain pour des mets que l’on prépare soi-même ?

C’est la tendance du «Do it yourself» typique du XXIe siècle, qui prône le retour aux produits naturels, à l’état brut. On s’éloigne de l’industrie agroalimentaire et on sait ce que l’on mange. Il y a aussi un côté ludique, l’envie de confectionner quelque chose d’exceptionnel… 

Cet article est paru dans le Télépro du 24/8/2023

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