Sucre : l’or blanc, notre meilleur ennemi ?
Les Belges raffolent du sucre. Pourtant, consommé avec excès, cet ingrédient présente des risques pour la santé. Ce jeudi à 19h50 sur RTL-TVI, «Tout s’explique» fait le point.
Origine indienne
Originaire de Nouvelle-Guinée, la canne à sucre s’est d’abord répandue sur le continent asiatique. Dès la plus haute Antiquité, les Indiens seraient les premiers à avoir extrait du sucre de ce «roseau sucré», dont le nom botanique est «saccharum robustum» (d’où le terme saccharose). Le terme sanskrit «sarkara» (grain) a donné naissance à saccharum en latin, sukkar en arabe, zucchero en italien, sugar en anglais… Au VIe siècle avant notre ère, les Perses s’emparent du procédé. Puis, via le monde arabe, le sucre arrive en Europe à l’époque des croisades. Peu adaptée au climat du Vieux Continent, la canne à sucre est introduite en Amérique où sa culture se développe grâce au travail des esclaves.
Grâce à Napoléon !
Au début du XIXe siècle, les batailles de Napoléon Bonaparte poussent les Anglais à instaurer un blocus commercial, paralysant le commerce du sucre de canne. Une alternative est trouvée : du sucre est extrait d’une plante locale, la betterave sucrière. Après l’abolition de l’esclavage et la fin de la main-d’œuvre gratuite dans les plantations, le prix du sucre de canne flambe. Tout bénéfice pour le sucre de betterave, qui, en Belgique, est produit depuis 1836 par la Raffinerie de Tirlemont, leader du marché belge.
Invention belge
Quoi de plus banal qu’un morceau de sucre plongé dans une tasse de café ? Pourtant, ce petit cube blanc n’apparaît qu’au XIXe siècle. Avant, il fallait tailler son morceau dans un gros pain de sucre de deux kilos, très dur et peu pratique. L’histoire de cette invention commence en 1843 lorsque le directeur d’une raffinerie tchèque, Jacob Rad, produit les premiers morceaux de sucre de façon artisanale. Il passe trois mois à peaufiner son procédé pour satisfaire son épouse, qui s’était blessée en coupant un pain de sucre ! Dans la ville de Daèice, un monument en granit représentant un cube de sucre commémore cette invention. En 1875, un épicier parisien, Eugène François, invente une machine pour scier des morceaux de sucre plus ou moins réguliers. Enfin, en 1902, l’Anversois Théophile Adant imagine une série d’outils pour industrialiser la méthode de Jacob Rad. Le processus consiste à réaliser des plaques de sucre, les laisser sécher, les scier d’abord en barres, puis enfin en morceaux symétriques. La technique est rapidement améliorée par les sucreries belges, avant de s’exporter dans toute l’Europe. De même, le sucre perlé est une spécialité typiquement belge, utilisée notamment dans les gaufres de Liège. Ces perles de sucre, dont la particularité est de ne pas fondre à la cuisson, s’exportent partout dans le monde.
Multiples usages
Certes, le sucre est avant tout utilisé en cuisine, dans les pâtisseries ou pour adoucir une sauce trop acide ou trop piquante. Mais il a bien d’autres usages. Ainsi, les gâteaux, les biscuits ou les fromages restent plus frais lorsqu’ils sont accompagnés de quelques morceaux de sucre dans un récipient hermétique. Le sucre peut aussi calmer les brûlures sur la langue ou tuer les bactéries sur les blessures ou les coupures. Tout comme le citron et le vinaigre, le sucre présente des atouts pour le ménage. Il permet de nettoyer la cafetière : il suffit de verser un quart de tasse de sucre dans le filtre, mettre l’appareil en marche et rincer abondamment. Le sucre peut aussi enlever des taches de graisse ou d’herbe : préparer une pâte avec du sucre et de l’eau, l’appliquer sur la tache et laisser agir une heure avant de laver le tissu. Le sucre s’invite aussi dans la salle de bains. Mélangé à de l’huile végétale, il donne un produit exfoliant et élimine les cellules mortes de la peau. Pour nettoyer ses mains pleines de graisse, d’huile ou de peinture, il suffit de les frotter avec du savon et du sucre. Un peu de sucre au-dessus du rouge à lèvres permet de le faire durer plus longtemps. Enfin, le sucre trouve aussi sa place dans le jardin car il est un excellent engrais pour les plantes. Mélangé à du vinaigre et de l’eau tiède, il empêche la prolifération des bactéries au pied de celles-ci. Et en versant une pincée de sucre dans un vase, il est possible de garder son bouquet de fleurs plus longtemps.
Cet article est paru dans le Télépro du 9/2/2023
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