Stupéfiant Grand Canyon

Les strates rocheuses du Grand Canyon retracent deux milliards d’années d’histoire géologique, soit la moitié de l’âge de la Terre © Getty Images

Pour les aventuriers qui aspirent à sillonner l’Ouest américain, les paysages du Grand Canyon sont peut-être ceux qui font le plus rêver.

Enfilons nos chaussures de marche et notre chapeau de cow-boy pour découvrir les secrets de ce canyon vieux de plusieurs millions d’années, creusé par le mythique fleuve Colorado.

Admirable

Situé dans le sud-ouest des États-Unis, c’est dans l’État d’Arizona que s’impose, majestueux, le Grand Canyon. En anglais, « Grand » veut d’ailleurs dire « impressionnant », « magnifique », « méritant l’admiration ». Il faut dire que le Grand Canyon n’est pas juste « grand », il est monumental : 4.856 km2, jusqu’à 30 km de largeur et 1.800 m de profondeur (soit 180 Atomium empilés)… Et quelle longueur !

« Le fleuve Colorado est une grande autoroute qui traverse le Canyon sur 446 km. Mais si vous marchez, vous devez escalader ou contourner tous ses affluents. Et finalement, il faut parcourir une distance de 1.207 km, ce qui équivaut à traverser toute la Californie à pieds », nous apprend le National Geographic.

Vieux ou très vieux ?

Mais quel âge a-t-il au juste ? Les scientifiques continuent de se poser la question… « Chaque couche est comme le chapitre d’un livre. En descendant le Colorado, on remonte le temps et on s’enfonce dans l’histoire de la Terre », explique la géologue américaine Laurie Crossey dans le documentaire d’Arte « Grand Canyon – Un voyage au centre de la Terre » (samedi, 20.55). Et le plus vieux de ces chapitres aurait été écrit il y a deux milliards d’années !

Ce gigantesque empilement de couches géologiques (rappelant qu’autrefois il y eut des mers, des déserts et des montagnes là où se pressent aujourd’hui entre 4 et 6 millions de touristes par an) porte le nom de « Grand Staircase » (grand escalier). Études à l’appui, les scientifiques s’affrontent pourtant toujours pour connaître l’âge du canyon, formé par l’érosion des eaux du Colorado. Pour certains, c’est un petit nouveau, formé il y a seulement 5 à 6 millions d’années. Une broutille à l’échelle géologique. Pour d’autres, il est bien plus ancien : jusqu’à 70 millions d’années.

Parc national

Un anniversaire dont on connaît par contre la date exacte, c’est celle de la désignation du Grand Canyon comme parc national. Celui-ci a fêté ses 100 ans il y a peu, le 26 février 2019. C’est Theodore Roosevelt, à l’origine de nombreux programmes de conservation et classé comme le plus écolo des présidents américains, qui donne l’impulsion : « Le Grand Canyon me remplit d’admiration. Il est au-delà de toute comparaison, au-delà de toute description. (…) Laissez cette merveille de la nature telle qu’elle est », implore-t-il lors de sa visite en 1903. C’est finalement le président Wilson qui, en 1919, lui offre ce statut de protection. À noter que le Grand Canyon est aussi inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979.

Héritage amérindien

Si son but est de protéger ces immenses étendues de terres ainsi que la faune et la flore des activités humaines, la création du parc national a aussi conduit à l’expulsion de familles de tribus amérindiennes. Des générations d’Havasupai (Peuple des eaux bleu-vert), d’Hualapai (Peuple des grands pins) et de Hopi (Peuple de la paix) y ont pourtant vécu durant des milliers d’années avant d’être déplacées vers des réserves. Selon la mythologie de ces derniers, les premiers hommes auraient émergé dans ce monde par le « sipapu », un trou localisé dans le Grand Canyon. Restitution de noms amérindiens, protection de milliers d’hectares de terres grâce au titre de « monument national »… : s’ils n’effacent pas les torts, des efforts sont faits pour rendre hommage aux douze tribus ayant des liens historiques et sacrés avec le Grand Canyon.

Village Supai

Le Grand Canyon abrite un seul village, Supai, appartenant à la réserve des Havasupai et situé à une dizaine de kilomètres de la route la plus proche. La livraison du courrier de ses deux cents habitants s’y fait… à dos de mules. C’est le seul endroit des États-Unis où la Poste utilise encore cette méthode.

Bêtes sauvages

Selon le service des parcs nationaux, le Grand Canyon abriterait 447 espèces d’oiseaux (dont le condor de Californie, deuxième plus grand oiseau terrestre volant au monde), 10 espèces d’amphibiens, 48 espèces de reptiles (dont des monstres de Gila, l’un des deux seuls lézards venimeux d’Amérique du Nord) et 91 espèces de mammifères (dont des bisons et des pumas). Mais l’animal qui cause le plus de blessures aux visiteurs n’est autre que… l’écureuil des rochers !

Cet article est paru dans le Télépro du 13/2/2025

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