Stevenson, l’écrivain voyageur
Entre sa naissance en Écosse et sa mort aux îles Samoa, l’auteur de «L’Île au trésor» n’a cessé de sillonner le monde.
«Stevenson a donné plus de bonheur aux lecteurs que tout autre écrivain», disait l’auteur argentin Jorge Luis Borges. Et, plus d’un siècle après sa mort, ses romans – «L’Île au trésor» (1883), imaginé pour amuser son beau-fils, «L’Étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde» (1885) et «Le Maître de Ballantrae» (1889) en tête – continuent d’enchanter des générations de jeunes lecteurs. Car ce maître du roman d’aventures a laissé une œuvre considérable, témoignant de ses nombreux périples. Dimanche, France 5 nous emmène au cœur des Cévennes sur le GR70, devenu le chemin de Stevenson.
Né à Édimbourg le 13 novembre 1850, Robert Lewis Stevenson – épris de culture française, il changera plus tard son nom en Robert Louis – naît dans une famille bourgeoise et très religieuse. Avec des parents souvent absents, le jeune garçon à la santé fragile passe beaucoup de temps avec sa nourrice, Alison Cunningham, dont il dira qu’elle était «sa seconde mère, sa première femme, l’ange de sa vie d’enfant». Souvent cloué au lit par ses problèmes pulmonaires, il s’évade grâce aux récits d’aventures que celle qu’il surnomme «Cummy» lui conte.
«L’essentiel est de bouger»
À 12 ans, le jeune Écossais découvre les joies du voyage lorsque ses parents l’emmènent sur les routes de France, d’Italie, d’Autriche et d’Allemagne. Le goût du voyage ne le quittera plus. «Je ne voyage pas pour aller quelque part, mais pour voyager», écrit-il plus tard. «Je voyage pour le plaisir du voyage ; car l’essentiel est de bouger, d’éprouver d’un peu plus près les nécessités et les aléas de la vie, de quitter le nid douillet de la civilisation, de sentir sous ses pas le granit terrestre et, par endroits, le tranchant du silex.» À la même époque naît sa passion pour l’écriture : il rédige sa première nouvelle à l’âge de 14 ans. Après avoir entamé des études d’ingénieur (comme son père), puis de droit, Stevenson embrasse la carrière d’écrivain dont il rêve. Souffrant de la tuberculose, il voyage beaucoup à la recherche d’un endroit à la météo plus clémente que son Écosse natale. Dans ses nombreuses pérégrinations, il puise l’inspiration pour ses écrits : «Voyage en canoë sur les rivières du Nord» relate ainsi son aventure en Belgique et dans le nord de la France.
Seul dans les Cévennes
Après un chagrin d’amour – il tombe amoureux de Fanny Osbourne, mariée et de dix ans son aînée -, il se lance, en 1878, dans un périple à travers les Cévennes, lui rappelant les Highlands d’Écosse. À l’heure où la randonnée n’a pas encore acquis ses lettres de noblesse, «un touriste de mon genre était jusqu’alors chose inouïe dans cette région», écrit-il. «On m’y considérait avec une piété dédaigneuse comme un individu qui aurait décidé un voyage dans la Lune.» Durant douze jours, il parcourt 220 km avec pour seule compagnie son âne Modestine. À son retour, il publie son carnet de notes sous le titre «Voyage avec un âne dans les Cévennes».
L’année suivante, l’infatigable globe-trotter s’envole pour la Californie. Il y rejoint sa dulcinée, qu’il finit par épouser après son divorce. Le jeune couple voyage entre Europe et Amérique, avant d’embarquer pour le Pacifique et de s’installer dans les îles Samoa. L’écrivain y décède d’une crise d’apoplexie, le 3 décembre 1894, à l’âge de 44 ans. Les habitants de l’île, devenus ses amis, portent son corps au sommet du mont Vaea où il repose, selon son souhait, face à la mer.
Cet article est paru dans le Télépro du 4/08/2022.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici