Sous les flots, Pavlopetri
Découverte au sud de la Grèce, par 4 mètres de fond, Pavlopetri est l’une des plus anciennes cités englouties de l’Histoire. Ce jeudi à 21h, France 5 nous diffuse «Pavlopetri, les secrets d’une cité engloutie».
L’Atlantide, une cité grandiose immergée «en l’espace d’un jour et d’une nuit» selon Platon. Depuis des siècles, cette légende, née sous la plume du philosophe grec, a fait rêver des générations d’explorateurs. Ainsi, la découverte de Pavlopetri au large des côtes grecques suscite l’enthousiasme. Jeudi, un documentaire nous emmène dans le sillage des archéologues explorant cette étonnante cité sous les flots. En 1967, lorsque l’archéologue britannique Nic Flemming, du Centre océanographique national, effectue des recherches sur le niveau de la mer en Méditerranée, il ne s’attend pas à faire une découverte de taille : au large de la pointe du Péloponnèse gisent d’étranges formations rocheuses, restes d’une ville antique dont l’existence n’est mentionnée par aucune source historique. Ce n’est que quarante ans plus tard qu’une équipe gréco-britannique d’archéologues sonde le site et le cartographie en détail.
Vieille de 5.000 ans
Appartenant à une ville antique s’étendant sur 10 hectares, des rues, des bâtiments publics, des entrepôts et des tombes sont explorés par les archéologues-plongeurs de cette nouvelle mission. Des fonds marins, ceux-ci remontent des tessons de poterie, des céramiques et des fragments d’argile qui permettent d’en apprendre davantage sur la cité engloutie. Baptisée Pavlopetri du nom moderne d’un îlot proche des lieux, la ville date d’environ 3.000 ans avant notre ère, soit avant les pyramides d’Égypte ou Babylone. Plusieurs milliers d’habitants devaient vivre dans cette cité disposant d’un plan urbain moderne. Remarquables bâtisseurs, ils étaient des Mycéniens, une civilisation influente (entre -1600 et -1100) excellant dans l’art de la guerre, la technologie et le commerce.
Carrefour commercial
À côté de Mycènes et de Tirynthe – cités les plus puissantes de la région -, Pavlopetri, de par sa situation géographique, devait jouer un rôle capital dans les échanges commerciaux. Pour preuve, les archéologues ont découvert, au fond de l’eau, dans ce qui ressemble à des entrepôts, des morceaux de «pithoi», soit d’énormes jarres servant à stocker du vin ou de l’huile. Pavlopetri devait aussi abriter une importante industrie textile. Car, plus loin, gisaient des centaines d’anciens poids de métier à tisser et des milliers de coquilles de murex, mollusque connu pour produire la teinture pourpre, très prisée à l’époque. L’exportation de leurs produits a fait la fortune des marchands de Pavlopetri, vivant dans des maisons sur trois niveaux. Et cette riche cité portuaire alimentait la redoutable machine de guerre mycénienne, en important les matières premières (cuivre et étain) nécessaires à la confection d’armes, indispensables à l’expansion de l’empire. Elle était sans doute la porte d’entrée de l’empire mycénien, le premier grand empire d’Europe, bien avant celui fondé par Rome.
Fin tragique
Occupé sans interruption à partir du Néolithique et jusqu’à l’époque mycénienne, à l’âge du Bronze, le site n’a par contre révélé aucune trace de vie datant d’après 1200 avant notre ère. Pourquoi ? Les chercheurs avancent l’hypothèse d’une catastrophe naturelle. En effet, à cette époque, la Grèce, située sur une zone sismique dangereuse, est ébranlée par d’importants séismes, provoquant chaos et guerre civile. Rapidement, la crise s’étend à tout l’empire mycénien, qui s’effondre. De port animé au temps de sa splendeur, Pavlopetri se transforme en ville fantôme. La cité désertée tombe peu à peu en ruines, avant d’être engloutie avec ses secrets (les mouvements tectoniques ayant sans doute fait sombrer la ville au fond de l’eau) et oubliée durant 3.000 ans…
Cet article est paru dans Télépro du 6/4/2023
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