Sous les cendres, Pompéi

Stéphanie Breuer Journaliste

Ces dernières années, les découvertes s’enchaînent au pied du Vésuve !

Chaque année, quatre millions de touristes déambulent dans les rues de Pompéi, au cœur de la baie de Naples. Formidable témoin du passé, la ville entière a été figée dans la lave et les cendres après l’éruption du Vésuve en l’an 79. Site archéologique majeur, la cité oubliée pendant quinze siècles n’avait plus subi de fouilles conséquentes depuis le milieu du XXe siècle.

À partir de 2010, sa dégradation, suite à des infiltrations d’eau, attire l’attention de l’Unesco qui fait pression sur les autorités italiennes. Des fonds sont alors débloqués pour sauver ce lieu unique au monde. Patrick Weber propose de découvrir ce «Grand Projet Pompéi» grâce au docufiction du réalisateur belge Pierre Stine (vendredi à 22.35, sur La Une). Après une mise en sécurité du site, des fouilles débutent. L’objectif ? Le Cuneo, nom donné à un triangle de terre de 2.000 m² jamais fouillé. La première belle surprise est une stratigraphie intacte des différentes couches de l’éruption, montrant qu’environ quinze centimètres de pierre ponce se sont accumulés par heure ! Ensuite, deux maisons, situées de part et d’autre d’une ruelle, sont mises au jour : la «Maison au jardin» et la «Maison de Jupiter».

Un «fugitif» retrouvé

Au coin de cette artère, se dressent également les vestiges d’un thermopolium, un établissement de restauration rapide comme il en existait beaucoup à Pompéi. Ce fast-food antique servait boissons et plats chauds, principalement aux habitants les plus pauvres qui ne disposaient pas de quoi cuisiner. Bien sûr, ces fouilles ont aussi fait apparaître des restes humains. Cinq squelettes, ceux de deux femmes et de trois enfants qui s’étaient barricadés dans une chambre, ont été découverts dans l’une des maisons. Un autre, baptisé «le fugitif», a été retrouvé dans la ruelle sur l’épaisse couche de lapilli (les pierres ponces issues du volcan). Après une accalmie, cet homme, qui avait emporté une clé et une bourse remplie de sesterces, aurait tenté de fuir, avant d’être rattrapé par un nuage de cendres.

Un graffiti pas si anodin

Mais la découverte la plus significative est sans doute celle d’un petit graffiti au charbon. En apparence anodin, il a permis de prouver que la cité n’avait pas été détruite le 24 août comme on le pensait, mais le 24 octobre 79. Se basant sur le récit que Pline le Jeune, témoin de l’éruption depuis l’autre côté de la baie, avait fait à Tacite, les historiens avaient fixé la date à la fin de l’été. Pourtant, des archéologues avaient émis des doutes sur le sujet après avoir découvert des fruits d’automne et des braseros. Ce graffiti a relancé et tranché le débat, grâce à la date qu’il comporte : «Le seizième jour avant les calendes de novembre», soit le 17 octobre. Le charbon s’effaçant après quelques jours, il ne peut dater de l’année précédente. Des copies de la lettre de Pline le Jeune mentionnant, elles aussi, les calendes de novembre et non celles de septembre, l’erreur a, sans doute, été commise par un moine copiste au Moyen Âge. Elle est désormais rectifiée grâce à ce graffiti pas si banal…

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 12/3/2020

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