Seconde Guerre mondiale : et l’or de France se fit la malle
Au début de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement français a organisé le transport de fonds le plus incroyable de l’Histoire ! Un sujet évoqué ce samedi à 20h30 sur La Trois dans «Retour aux sources».
«Ils ont frappés.» Sur les images d’archives en noir et blanc, la voix du commentateur est nasillarde et emphatique. Les vues aériennes du début du reportage montrent une ville détruite par des bombardements. «Malgré leur parole, malgré l’opinion du monde», poursuit le speaker, «le 1 er septembre 1939, ils ont attaqué la Pologne.» Ce jour-là, Hitler lance un million et demi de soldats à l’assaut du pays. La ville de Danzig est rayée de la carte, la flotte polonaise détruite par les bombardiers de la Luftwaffe, la population jetée sur les routes dans le plus grand désarroi. La France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne, le second conflit mondial commence.
Trésor de guerre
Alors que le bruit des bottes et le fracas des bombes retiennent toute l’attention, en coulisses, d’autres grandes manœuvres sont en cours, dans le plus grand secret. À deux mille kilomètres de la Pologne, les habitants du village français de Plouzané assistent à un étrange balai dans la rade de Brest. Si le gouvernement français mobilise et se prépare à la confrontation militaire, il avance aussi ses pions sur un tout autre front, celui de la finance. Officiellement, l’idée que le pays soit envahi n’est pas une option. Mais pour les plus pessimistes, laisser les richesses de la France aux mains de l’ennemi en cas d’invasion est impensable.
Paris décide donc d’évacuer tout l’or de la banque de France (dont plus 230 tonnes d’or belge et polonais) et de le mettre en sécurité. Une opération titanesque et hautement confidentielle : si l’information est divulguée, elle risque de provoquer un vent de panique dans la population. Au total, plus de 2.500 tonnes du précieux métal – valeur actuelle : plus de 17 milliards d’euros – doivent quitter l’Hexagone et trouver refuge hors de portée d’Hitler. La partie la plus importante de ce véritable trésor quitte la France depuis le port de Brest.
Héros méconnus
En réalité, l’évacuation débute bien plus tôt. En 1932, les élections présidentielles marquent la montée en puissance d’Adolf Hitler. Un an plus tard, il devient chancelier du Reich. Face à cette situation inquiétante, la Banque de France décide d’éloigner des frontières de l’est l’or qu’elle détient dans ses coffres. Six ans plus tard, une partie de cet or (600 tonnes) est déjà aux États-Unis.
Comme le mentionne le site «Or en cash», les choses s’accélèrent au mois de mai 1939. Dans la rade du port de Brest, parmi les navires visibles aux yeux de tous, dix sont bourrés de lingots et de pièces. Les premiers à larguer les amarres arrivent au Canada, à Halifax. Les départs se succèdent. «Quand l’ennemi entre dans Brest le 19 juin», peut-on lire sur le site de la ville de Plouzané, «il ne reste plus un seul lingot d’or appartenant à l’État sur le territoire français.»
Des centaines d’hommes, employés de la Banque de France, gendarmes, gardes mobiles, marins et même des prisonniers, avec des dizaines de camions, de trains et de navires, se sont relayés jour et nuit pour que pas un gramme de l’or français (belge et polonais) ne tombe aux mains de l’envahisseur. En juillet 1940, l’or français est réparti en trois lieux : les États-Unis, les Antilles (puis la Martinique) et l’Afrique. Allemands, mais aussi Américains et Anglais, tentent par la suite (et par tous les moyens) de mettre le grappin dessus. En vain. Celui-ci revient au pays en 1946. L’histoire raconte que, lors de l’inventaire, ne manquaient à l’appel que 50 kilos du précieux trésor, une caisse égarée dans la débâcle du 18 juin 1939. D’autres évoquent le chiffre de 395 kilos. À 2,4 millions d’euros près…
Cet article est paru dans le Télépro du 8/2/2024
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