Se soigner par le froid !

Les bénéfices de la cryothérapie corps entier sont encore difficiles à prouver. Les risques, eux, sont bien réels... © Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

Ce samedi à 22h25 avec le documentaire «Se soigner par le froid : Notre corps aime-t-il être glacé ?», Arte propose de suivre une spécialiste de la nage en eaux glacées, pour explorer les bienfaits et les risques de l’exposition au froid pour l’organisme.

Aurions-nous tort de nous couvrir à l’excès lorsque la température extérieure chute ? Alors que braver le froid ne nous apparaît pas, pour la plupart, comme une expérience agréable, il semblerait que le corps puisse voir les choses différemment.

Pratique ancestrale

L’usage de la thérapie par le froid remonte à la Grèce Antique. Des noms tels qu’Hippocrate, Aristote ou encore le médecin Claude Galien mentionnent dans certains écrits avoir eu recours au froid pour traiter des blessures aigües. «Les boissons et bains froids, la glace naturelle et la neige étaient les premiers moyens de thérapie froide avant l’introduction de la glace artificielle en 1755», précise le centre spécialisé dans la discipline, CET CryoSpa. Il faudra cependant attendre la fin des années 1970 pour que le docteur Yamaguchi élabore la première chambre de cryothérapie, comprenez un caisson où la température pouvait descendre jusqu’à -164° C grâce à l’injection d’air azoté.

Allié des sportifs

Depuis les années 1970, la cryothérapie a fait du chemin. Aujourd’hui, ses bienfaits sont principalement reconnus pour les sportifs de haut niveau afin de permettre une meilleure récupération et prévenir ou traiter les douleurs musculaires après l’exercice. Cristiano Ronaldo, le footballeur portugais, en est par exemple un adepte. Dans un cadre médical, elle peut aussi être un adjuvent à la kinésithérapie et à la physiothérapie. «On en utilise pas mal en kiné, sous forme d’un appareil qui souffle de l’air froid sur la zone blessée», explique le docteur Maëlle Tyberghein, docteur en médecine physique et réadaptation. «Il est ainsi utilisé comme un anti-inflammatoire en créant une vasoconstriction ou fermeture des vaisseaux sanguins, ce qui diminue l’apport en sang et donc l’inflammation.»

Ça jette un froid

La cryothérapie peut-elle être employée pour le bien-être uniquement ? Est-elle sans risque ? Des contre-indications existent pour les personnes souffrant d’hypertension artérielle, de maladies rénales ou porteuses d’un pacemaker. En 2019, l’Institut français de la santé et de la recherche médicale s’est penché plus spécifiquement sur les «bains entiers» de cryothérapie. À savoir, se plonger, à l’exception de la tête, dans une cuve atteignant les -110° C durant trois minutes. Une pratique de plus en plus répandue en dehors de la sphère médicale et sportive.

«La cryothérapie corps entier pose d’authentiques problèmes de sécurité. Des effets secondaires bien réels ont été matérialisés par les études de cas publiées, des témoignages de professionnels et des affaires en justice : brulures locales au 1er ou 2e degré, céphalées (…)», détaille le rapport de L’Inserm. «Au total, il est difficile de se prononcer sur l’efficacité de la cryothérapie corps entier. Il est possible qu’à court terme cette prise en charge ait un certain effet. Il est vraisemblable que cet effet soit au mieux modeste, surtout à distance de l’intervention.» Une position pour le moins prudente…

Vive la graisse brune

Si la formule magique pour maigrir sans effort reste, à ce jour, une illusion, il semblerait néanmoins que le froid puisse être une clé pour lutter contre l’obésité morbide. En cause ? La graisse brune, qualifiée de bonne, qui brûle les calories pour nous réchauffer, par opposition à la mauvaise, la blanche, qui stocke l’énergie sous forme de gras. La première serait bien plus présente dans le corps des personnes régulièrement exposées au froid. «Bien sûr, certains aiment nager dans l’eau froide, mais ce n’est pas plaisant pour tout le monde», explique le professeur Mirko Trajkovski, à la RTS. «C’est pour cela que la recherche essaye de trouver ce qui augmente l’activité de la graisse brune, mais sans nous exposer au froid.»

Cet article est paru dans le Télépro du 12/1/2023

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