Scandale à Versailles : l’affaire du collier de la Reine !

Le collier du scandale, aujourd’hui disparu © De Agostini via Getty Images
Stéphanie Breuer Journaliste

Prélude de la Révolution française, la rocambolesque affaire du collier de la Reine va passionner la France et marquer le début de la descente aux enfers de Marie-Antoinette.

647 diamants pour 2.840 carats ! Un somptueux collier a été au cœur de l’une des plus incroyables escroqueries du XVIIIe siècle. Racontée dans « Secrets d’Histoire » ce mercredi à 21h05, l’affaire du collier de la Reine a aussi tout d’un vaudeville avec Versailles comme décor et, au casting, une reine impopulaire, un cardinal ambitieux et une comtesse malhonnête.

L’histoire se déroule dans la France des années 1780, sous le règne de Louis XVI et de son épouse Marie-Antoinette. Personnage incontournable à la cour de Versailles, le grand aumônier de France est alors le cardinal Louis-René de Rohan. Bien loin de l’image du prélat ayant fait vœu de chasteté et de pauvreté, il voue une passion aux femmes et à l’argent. Malgré son ambition dévorante, sa carrière politique est freinée par un problème de taille : la jeune Reine ne l’apprécie guère depuis un différend diplomatique avec sa mère Marie-Thérèse d’Autriche.

Escroquerie bien ficelée

C’est ici qu’entre en scène le véritable cerveau de cette stupéfiante escroquerie : la comtesse Jeanne de La Motte-Valois. Lointaine descendante de Henri II et issue d’une famille désargentée, celle-ci est prête à tout pour retrouver fortune et prestige. Même à faire croire au cardinal qu’elle peut l’aider à se rapprocher de la Reine. Aidée par son mari et son amant – faussaire hors pair -, elle remet à l’homme d’église de fausses lettres de Marie-Antoinette. Elle va même jusqu’à lui organiser une rencontre furtive et nocturne dans un bosquet de Versailles avec une prostituée dans le rôle du sosie de la jeune Autrichienne !

En janvier 1785, la comtesse rusée fait croire au naïf prélat que la Reine, ne pouvant acheter un joyau précieux au grand jour, cherche un entremetteur pour l’acquérir en son nom. Valant 1,6 million de livres, ce collier avait été créé par deux orfèvres parisiens pour la comtesse du Barry, la favorite de Louis XV qui n’a pas eu le temps de le lui offrir. Objet des fantasmes de toutes les cours d’Europe, il a déjà été proposé à plusieurs reprises à la Reine, qui l’a pourtant toujours refusé, jugeant son prix trop élevé.

Extravagant collier

Aveuglé par son ambition, le cardinal achète alors à crédit le fameux bijou, sur la garantie d’une signature contrefaite de la Reine. Il le remet à Jeanne de La Motte, qui s’empresse d’en extraire tous les diamants pour les revendre. Devant l’incapacité de l’homme d’église à payer la première traite, les joailliers s’adressent à Marie-Antoinette et l’escroquerie est découverte.

Louis XVI refuse d’étouffer l’affaire. Il fait arrêter le cardinal, l‘emprisonne à la Bastille et porte l’affaire devant le Parlement de Paris, une institution défavorable à la monarchie. Grosse erreur ! En effet, l’opinion publique, passionnée par ce procès et opposée au luxe et au gaspillage de la Cour, prend fait et cause pour le cardinal. Si la comtesse de La Motte est condamnée à être fouettée, marquée au fer rouge du V de voleur et enfermée à vie, le cardinal est acquitté. Ce qui n’empêche pas le Roi de révoquer de Rohan de sa charge. Une sanction qui renforce la colère de la population et des futurs révolutionnaires…

Pourtant innocente, Marie-Antoinette, déjà surnommée « la frivole autrichienne » ou « Madame déficit », va, elle, payer très cher l’onde de choc de ce scandale. C’est le début de sa descente aux enfers, qui s’achève par sa condamnation à la guillotine en 1793.

Cet article est paru dans le Télépro du 28/11/2024

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