Sauvegarde du patrimoine : un coûteux défi
Devenir propriétaire ou hériter d’un lieu chargé d’histoire demande un sacré investissement ! Ce mardi à 21h05, France 5 diffuse le documentaire «Patrimoine, de vieilles pierres très précieuses».
C’est l’histoire d’une joaillière indienne amoureuse de l’art, Nupur. Elle quitte son pays pour la France aux côtés de son mari d’alors dont elle conserve toujours le nom de famille. Nupur Tron arrive un jour en Belgique. En 2017, séjournant à Bruxelles au cœur du Sablon, elle tombe en arrêt devant une demeure au 37 de la rue Lebeau, l’Hôtel Frison, qui, pour son plus grand bonheur, est à vendre…
Nupur l’achète. Mais au moment d’envisager sa rénovation, elle apprend que sa maison porte la signature de Victor Horta, le grand architecte de l’Art nouveau dont elle ignorait l’existence. Elle entame une longue et coûteuse restauration qui met au jour, sous le plafonnage, de magnifiques fresques, et rend un fameux coup de jouvence au splendide jardin d’hiver.
Des sous, il en faut beaucoup. C’est pourquoi, à l’instar de tant de propriétaires de tels lieux, elle l’anime en y organisant des événements culturels et festifs gérés par une fondation créée à cet effet.
Des sous, beaucoup de sous !
Hériter d’un patrimoine immobilier comme d’un château familial peut vite représenter un gouffre financier. C’est pourquoi, et c’est souvent le cas en France qui compte plus de 45.000 châteaux – pour 1.500 en Wallonie -, dont 83 % sont aux mains de propriétaires privés, les enfants renoncent à assurer une telle succession. Ils mettent en vente le bien seigneurial possédé par la famille, pour certaines depuis le Moyen Âge.
C’est aussi le cas chez nous sauf si, comme le prince Michel de Ligne au château de Beloeil ou Philippe de Chimay, on déploie des trésors d’imagination pour assurer des rentrées financières bien nécessaires à l’entretien de telles demeures et ainsi assurer leur pérennisation dans la famille.
Coup de pouce
Heureusement, des aides publiques sont octroyées pour assurer la préservation de biens immobiliers remarquables et, à ce titre, classés. Elles s’adressent aussi bien aux détenteurs privés ou publics de monuments qui ont fait l’objet d’une procédure de classement.
En Wallonie, cette assistance financière varie entre 60 % et 100 % du montant des travaux réalisés en fonction de la destination du bien et de son intérêt pour la collectivité. La Région wallonne intervient aussi pour des travaux urgents de maintenance à concurrence de 6.000 € hors TVA par an.
Mieux encore, si vous possédez un bien classé visible de l’extérieur et ouvert au grand public, notamment lors des Journées du patrimoine, vous pourrez vous assurer d’une déductibilité fiscale – plafonnée – basée sur la moitié des frais de la rénovation.
Il existe d’autres types d’aides à découvrir, en sachant que Bruxelles et la Flandre ont également des incitants à la conservation de biens classés. Mais il faut s’armer de patience avant d’obtenir l’approbation et le versement des primes. Il faut aussi bien respecter le cahier des charges sous l’œil attentif d’inspecteurs publics surveillant la conformité des travaux.
Péril en la demeure !
Enfin, comment ne pas en profiter pour évoquer le sort du couvent des Récollets à Nivelles, dont s’inquiète notamment Europa Nostra, organisme non gouvernemental européen en matière de patrimoine ? Il compte aujourd’hui parmi les sept sites les plus menacés d’Europe.
Son classement a été refusé par la ministre du Patrimoine wallon et l’espace est mis en péril par un projet immobilier qui dénaturerait en partie les lieux. Construit à partir de 1524, le couvent des Récollets est le seul ensemble de l’architecture franciscaine encore complètement visible en Belgique… Puisse-t-il être sauvegardé ! Tout comme d’autres.
Cet article est paru dans le Télépro du 7/9/2023
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